The Heartbreaks

Après trois ans passés ensemble, Funtimes est le premier album d'un groupe fou amoureux des bords de mers britanniques. Et pour cause, car il s'est formé dans le Lancashire, une station balnéaire de Morecambe en Angleterre. Le groupe considère cet espace comme une source d'inspiration majeure, étant à ses yeux le lieu du romantisme par excellence.

Funtimes, nom tiré d'une arcade de Morecambe, est un conte rêvé aux doux accents de mélodrame. À l'écoute de Liar, My Dear, on imagine déjà la baie bercée par l'éclat des précipitations auquel viendraient se joindre quelques rayons de soleil transperçant un ciel morne. Et c'est bien de cela dont le groupe se joue tout au long du disque, créant ainsi ces alternances merveilleuses entre accalmies suspendues et chutes prodigieuses.

La mélancolie ambiante qui en ressort installe un climat particulier qui s'avère d'une efficacité redoutable. Comment ne pas se prendre d'affection pour les remords de Matthew Withehouse en écoutant l'envoûtant Remorseful ? De même, comment échapper au charme nourri par la tension équivoque de l'excellent Jealous, Don't You Know qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler les meilleurs titres de Suede. Sur Polly, l'intonation de Matthew Withehouse va même par endroits jusqu'à frôler le chant d'Alex Turner délaissant son trémolo voix qui aux premiers abords aurait pu amener à le confondre avec Kill The Young.
Ce qui fait avant tout le charme et l'originalité de The Heartbreaks, c'est cette célébration unique de la Motown et la Northern Soul associées à un goût certain pour le romanesque. Si on regarde du côté de l'esthétique et de l'allure, Matthew Withehouse, chanteur androgyne et charismatique, aurait pu être sans problème le frère de Chloé Raunet (Battant). C'est aussi en grande partie grâce à lui si le groupe de composition plutôt classique, avec une guitare lead et rythmique, une basse et une batterie, ne sombre pas dans la banalité et se détache avec brio du format indie.

En bon romantiques, les quatre membres de The Heartbreaks effacent au travers de cet album, la morosité ambiante d'une ville anglaise tout de même classée troisième des pires endroits où vivre au Royaume-Uni. C'est finalement sublime, forcément sublime, que nous apparaît Morecambe, à l'écoute de ces dix titres bondissant.