Cheek Mountain Thief

Les contes d’Islande ont trouvé un nouveau récit avec ce projet de Mike Lindsay, chanteur de Tunng, exilé au pays de la terre en fusion pour y enregistrer ce disque avec des musiciens locaux.
C’est après une romance avec une islandaise que l’anglais découvre le petit village de pêcheurs d'Húsavík, surplombé par la Cheek Mountain. Il s’y installe pendant plusieurs mois pour s’emparer de son atmosphère en se voyant prêter des instruments par les locaux et faire naître Cheek Mountain Thief, une expérience à mi-chemin entre la pop entrainante de Tunng et la musique traditionnelle islandaise.

Cheek Mountain Thief est avant tout un album riche et varié, à l’image d’un paysage islandais qui n’évolue jamais comme on pourrait s’y attendre. La voix de Mike Lindsay y trouve une autre dimension alors qu’elle se plaçait de manière très monocorde au sein de Tunng, comme entrainée par des mouvements constants de l’un ou l’autre instrument à vent ou à cordes qui s’interposent en surprise. Un violon au son d’une beauté stellaire nous tient dans une langueur toute particulière tandis que des cuivres s’interposent pour sonner la marche de la fanfare.
L’anglais introduit son aventure dès l’enlevée et entrainante Cheek Mountain, single joyeux et souriant aux chœurs graves et percutants durant lequel on ne peut s’empêcher de fredonner le texte entêtant « Build a house on Cheek Mountain ». La rythmique toute en résonance prend une place importante dans la musique de Mike tout comme dans celle de ses hôtes et c’est naturellement que les xylophones répondent à la vivacité des grosses caisses.

Les chansons possèdent des bases simples mais sont portées par une recherche profonde dans des sons naturels ou mécaniques enveloppés par des couches d’arrangements précis, mixés par Gunni Tynes de Múm. Ils apportent une grande profondeur aux pièces qui se terminent souvent par des envolées épiques rappelant Arcade Fire. La voix semble cachée, mystérieuse dans sa gravité, mais possède une évidence pop faisant penser à Loney Dear tandis que des textes toujours distancés jouent sur des mots ayant la même sonorité, donnant l’impression d’une répétition qui n’en est pas une. On croit souvent assister à une déstructuration troublant une guitare acoustique bien à sa place, comme si les éléments se réveillaient subitement pour tout ensevelir.

Cheek Mountain Thief est un disque qui redonne le sourire, se plaçant certainement comme l’un des plus beaux projets de cette année. Contant l’histoire d’amour entre Mike Lindsay et l’Islande, il dégage la sérénité de ce village de pêcheur, couplée à la force de la lave dont étaient couverts les murs du studio d’enregistrement.