Dutch Uncles

Tontons flingués, tontons allumés, tontons négligés par une critique toujours plus virulente à leur égard : le retour des Dutch Uncles, ou comment essayer de gagner l’estime de son auditoire avec un troisième album des plus improbables.

Deux ans après Cadenza, un album qui a bien fait couler de l’encre, le groupe mancunien revient, toujours accompagné par le label Memphis Industries. Et c’est bien ce qui avait fait hurler les plus rageux : Dutch Uncles, produits aux côté de Tokyo Police Club, Elephant, Field Music ou encore El perro del mar. Pour ce troisième album, Pete Broadhead (guitare), Andy Proudfoot (batterie), Robin Richards (basse), Daniel Spedding (guitare) et Duncan Wallis (chant et piano) n’en démordent pourtant pas. Leur pop reste des moins subtiles et laisse une impression générale de déjà vu.
Malgré une animosité étrangement incontrôlable envers ces pauvres oncles, il faut leur reconnaître l’apparition inattendue d’un son propre, qu’ils n’avaient pas su trouver jusqu’alors. L’album manque globalement de subtilité, souvent dans le passage des couplets aux refrains, ce qui donne à Out Of Touch In The Wild une légèreté plombante. L’opus regorge de mélodies ringardes et pourtant imparables. Leurs morceaux sont majoritairement construits sur le même schéma, une introduction tendre, où se mêlent synthé et cordes pour tisser un labyrinthe pop haut en dissonances. Souvent précédés d’un break saccadé et nerveux, les refrains créent un dédale de symphonies brouillées par un melting pot d’arrangements synthétisés.

Alors, Out Of Touch In The Wild, album schizophrénique ou juste ringard à souhait ? Les trois premiers titres se succèdent à merveille et introduisent l’album avec une certaine légèreté. Puis avec Godboy, le groupe pose les bases du nouvel album. Ce titre représente le nouveau son du groupe : la discontinuité confère à leur pop une insouciance assumée. La nouvelle vague aérienne de la pop anglaise s’incarne dans ce même morceau, ce qui pourrait en faire un single incontournable s’ils se contentaient d’un peu plus de simplicité. Tandis que les titres Threads et Flexxin font preuve d’une étonnante pauvreté, la deuxième partie de l’album relève le défi haut la main, donnant un nouvel élan au groupe. Les titres Zhug Zwang, Phaedra et Nometo, qui forment un ensemble cohérent, révèlent enfin les talents de Duncan Wallis : une véritable architecture musicale fondée sur l’entrelacement aliénant. Out Of Touch In The WildOut Of Touch In The Wild C’est bien dans ce sens là que Dutch Uncles devraient nous amener pour chaque morceau : en privilégiant la simplicité des arrangements pour ne pas tomber dans une suite d’albums inécoutables plus d’une fois. Leur son devient au fil du disque beaucoup plus fin, l’album n’en est que plus sobre et séduisant.