logo SOV
Beady Eye - BE
Chronique Album
Date de sortie : 10.06.2013
Label : Columbia
35
Rédigé par Claire, le 9 juin 2013
Bookmark and Share
La chronique d'un album de Beady Eye, c’est un peu comme celle d'un album d’Oasis : totalement subjective, soumise à l’ombre toujours présente de la carrière du groupe mancunien, soumise à l’oreille déjà avisée d’un chroniqueur qui aura pris la plupart du temps le parti de l’ainé des Gallagher car il est bien connu que dans le duo terrible, il n’y avait qu’une tête, Liam faisant office dans le meilleur des cas de porte-voix talentueux, dans le pire, du casse-pieds de service. En restant poli.

Pourtant, lancer le premier titre de BE , nouvel album - un mois avant sa sortie, c’est pour l'ex-fan des nineties que je suis un peu comme avoir le droit de déballer les cadeaux de Noel avant l’heure, une sorte de privilège mystique, se sentir dépositaire d’un secret bientôt révélé : oui, le groupe de Liam Gallagher sait et peut produire un disqe de qualité, avec des titres efficaces, psychédéliques, inspirés du White Album des Beatles - mais pas que. Et surtout, aussi bon que celui de son frangin que certains s’échinent toujours à qualifier comme le génie musical de la famille. Preuve en onze titres.

L’album s'ouvre sur Flick Of The Finge, sorti en single et accompagné d’un clip plus ou moins énigmatique. Le ton est donné : les cuivres sont bien présents, la voix de Liam toujours aussi reconnaissable même si beaucoup plus posée. Il n’a pas fallu longtemps pour se rendre compte qu’il dépasse qualitativement les singles extrait du premier effort studio du groupe. Second Bite Of The Apple présenté comme deuxième single est inspiré du Time Of The Season des Zombies mais c’est sur Don't Brother Me que nous nous sommes jetés en premier : Liam avait prévenu, oui, le jeu de mots entre « don’t bother me » (ndlr : ne m’ennuie pas) et « brother » fait bien référence à son frère et on s’attendait donc à une diatribe du Gallagher-Abel à son ainé. Surprise, le ton est apaisé, le temps à la réconciliation. On irait même jusqu'à le comparer à l'ultra-classique He Ain't Heavy, He's My Brother de The Hollies. Liam qui a récemment déclaré vouloir reformer Oasis pour les vingt ans de Definitely Maybe semble en proie à un mélange d'émotions auquel lui et son frangin nous ont habitués depuis quinze ans dans les tabloids, un « je t'aime, moi non plus » à la sauce rock n' roll : « sick of all your lying, scheming and your crying » (ndlr : « ras le bol de tes mensonges, de tes manipulations et de tes pleurnicheries ») tout en adressant un message clair à son ainé : « I'll call tomorrow, hoping you'll understand » (ndlr : je t'appellerai demain et j'espère que tu comprendras). Du pain béni pour ceux qui espèrent une réconciliation et un retour d'Oasis dans les stades, du choux gras pour les journaux britanniques qui comblent leurs pages People.

Ce BE se divise entre ballades lancinantes comme Soul Love, Ballroom Figured et Start Anew, interprétée dernièrement en acoustique pour la radio Oui FM et ayant convaincu certains des plus récalcitrants à Beady Eye, et des compositions plus rentre-dedans comme l'excellent I'm Just Saying, certainement destiné à devenir un titre majeur en live, ou Face The Crowd qui, avec sa basse bien présente et son clavier sixties, se la joue mod. Quant à Shine A Light, c'est vers les Stone Roses que Beady Eye lorgnent. Seul Iz Rite est questionnable : le début est un emprunt clair au Mull Of Kintyre de Paul McCartney et les paroles du refrain sont très légères, trop légères pour des musiciens comme ceux de Beady Eye.

Personne n'est dupe - et certainement pas le groupe lui-même -, BE est certes un album de qualité fait par des musiciens talentueux mais il ne permettra pas à la formation de recueillir de nouveaux fans. Alors, sur tous les fronts, Beady Eye assurent une promo besogneuse en direction de ceux qui les ont toujours soutenus, annonçant des concerts à Abbey Road, chez Rough Trade Records, ou encore en organisant des live dans des pubs. Là où le rock anglais a toujours commencé. Concernant la France, Beady Eye seront en concert fin juin au festival Solidays en attendant une tournée plus exhaustive cet automne.
tracklisting
    01. Flick Of The Finger
  • 02. Soul Love
  • 03. Face The Crowd
  • 04. Second Bite Of The Apple
  • 05. Soon Come Tomorrow
  • 06. Iz Rite
  • 07. I'm Just Saying
  • 08. Don't Brother Me
  • 09. Shine A Light
  • 10. Ballroom Figured
  • 11. Start Anew
titres conseillés
    Flick Of The FInger, I'm Just Saying, Start Anew
notes des lecteurs
notes des rédacteurs
Du même artiste