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The Bishops

All Lost Time

The Bishops - All Lost Time
Chronique Album
Date de sortie : 21.10.2013
Label : Seven Eight Records/ On The Road Records
3
Rédigé par Xavier Turlot, le 26 octobre 2013
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Les Bishops sont de purs traditionnalistes du rock anglais. Ils font partie de ces groupes qui se refusent à l’innovation pour accentuer la recherche mélodique. Trouver la phrase qui accroche, qui entête, c’est ce que les deux frères jumeaux londoniens ont fait sur leurs deux premiers albums, The Bishops et For Now. Une esthétique sonore qui fait inévitablement penser au punk mélodique des Jams ou des Undertones, la panoplie mods costard cintré et amplis vox est au rendez-vous. On peut tranquillement se servir de leur musique pour des sorties scooter à Camden ou des soirées dégustation de thé.

Nous voilà quatre ans plus tard et le trio un temps transformé en quatuor revient dans l’actualité avec la sortie de leur troisième album intitulé All Lost Time. Sa première particularité est qu’il ne débute pas par un ou deux singles concis et entraînants mais par un morceau grandiloquent, qui s’ouvre lentement sur des arpèges de piano et un chant mélancolique à la Morissey. Les Bishops semblent nous promettre quelque chose de plus grand, de plus imposant qu’une petite œuvre indie gentiment rétro.

Les deux singles, Polygonn et All Point In Between, sont plus novateurs que la marque de fabrique du groupe, on est à la limite du math-rock ; les séquences de guitare sont extraordinairement rythmées, encadrées par une batterie qui prend des airs de funk. Les refrains bruitistes ne manqueront pas à leur principal objectif : accrocher l’auditoire. Mais les frères Bishop ont décidé d’aller plus loin cette fois. Mike met sa frénésie au rebut et tente l’envolée lyrique cold wave, plus pesante et sombre, pour entrer dans un registre moins burlesque. Ce virage se sent particulièrement sur Ether et Nowhere To Run, où le leader s’appesantit sur chaque note, à grand renfort de chœurs et d’orchestrations mélodramatiques pour accoucher d’une pop taillée pour les stades.

La musique de All Lost Time n’est jamais intimiste, c’est le moins qu’on puisse dire, et la recette est presque toujours la même : une introduction paisible qui amène à un couplet classieux, débouchant sur un refrain à rallonge qui donne lieu à une multiplication des voix, une saturation des guitares et un emballement rythmique généralisé. Cette formule marche très bien sur des pistes comme Start Stop, avec sa lente montée angoissante aux légères touches de guitares dissonantes et son chorus qui prend aux tripes, ou Everything Happens For A Reason avec son couplet théâtral et sa splendide partie de batterie. Mais, parfois, c’est peut-être un peu trop poussé, comme sur Looper et Nowhere To Run, qui arborent des refrains vraiment poussifs et exagérément dramatiques.
Le son des instruments est rigoureusement identique sur chacune des douze pistes, ce qui peut facilement provoquer un sentiment de lassitude. Les dernières chansons, On A Limb et Two Pieces, donnent l’impression que tout l’intérêt de l’album se situe dans les deux premiers tiers, et si au début du disque on peut trouver frappante la ressemblance de tessiture entre la voix de Bishop et celle du meneur des Smiths, à la fin on pourrait se demander s’il n’est pas mime dans la vie civile. Pourtant, la similitude était loin d’être évidente dans les deux premiers disques. Mentionnons quand même Help Me Connect It All, un essai plus acoustique et plus spontané très réussi.

Les Bishops ont tenu la promesse qu’ils avaient faite à l’ouverture de l’album, mais se sont peut-être perdus dans une trop forte soif de grandeur, multipliant les arrangements qui renvoient leur musique très loin de l’intimité et de la spontanéité de leurs deux premiers disques. On en vient toujours au même débat dans ce genre de situation : l’évolution est soit un progrès soit une trahison.
tracklisting
    01. All Lost Time
  • 02. Polygonn
  • 03. All Points In Between
  • 04. Nowhere To Run
  • 05. Ether
  • 06. Everything Happens For A Reason
  • 07. Looper
  • 08. Stop / Start
  • 09. Help Me Connect It All
  • 10. On A Limb
  • 11. Lagoon
  • 12. Two Pieces
titres conseillés
    Polygonn, Everything Happens For A Reason, Start-Stop
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