M.I.A.

M.I.A. a de la ressource. Plus de trois ans après la sortie remarquée de son album Maya et son single au clip choc Born Free, la Londonienne revient avec Matangi, un quatrième disque attendu depuis des lustres et dont la sortie a été perturbée par Interscope, la maison de disques de la chanteuse, laquelle jugeait ses nouvelles productions un peu trop joyeuses à son goût...

Ce que l'on retrouve surtout dans ce quatrième disque, c'est une fois de plus la grande diversité des sons et le fourmillement d'émotions déployés par la chanteuse, lesquels ont largement contribué au succès de sa carrière. Tous les ingrédients de sa recette sont là : rythmiques syncopées, collages de sons en veux-tu en voilà, boîtes à rythmes saturées, répétitions de voix à tout va (Only 1 U, aTENTion, Boom Skit), ambiances entêtantes et hypnotiques (Warriors), samples de sonorités hybrides et industrielles, mais aussi un flow unique, déterminé et décomplexé, servi par une interprétation souvent engagée et sans faille (la transe de Matangi).

Basées sur l'énergie, les nouvelles chansons de MIA parviendront à faire bouger le bout de gras de n'importe qui, à l'écoute notamment de titres comme aTENTION ou du chouette Bring The Noize, qui file vitesse grand V.
Pop, ragga, ambiances teck, hip-hop et électro se mélangent dans un bordel hybride. La chanteuse se nourrit de tout ce qu'elle traverse, comme en témoigne Come Walk With Me, qui fait le grand écart entre la dance, la pop et house, quelque part entre Katy Perry et Stromae. Plutôt qu'en rappeuse provocante, on découvre aussi M.I.A. en chanteuse mélodique douée sur le ragga céleste d'Exodus (un titre assez tubesque malgré sa progression un peu fade) et toujours aussi rock'n'roll dans ses paroles, comme sur le refrain radiophonique du single Bad Girls ou sur Y.A.L.A< /i>.

Mais si Matangi a la vertu de dessiner une sorte de cosmopolitisme urbain enchanté tout au long des titres, il noie parfois la fraicheur de son interprète dans un trop plein d'effets, qui finissent par devenir inaudibles. L'effervescence de sonorités renversées, bousculées, mélangées ici sans véritable ordre de conduite, finit par rendre l'ensemble un peu difficile à digérer parfois, malgré l'apport de collaborateurs biens sentis( The Weeknd, Hit-Boy, Surkin, Bobmo, Switch, Danja...). Ainsi, on prèfère souvent le calme (Lights, Karmageddon, Know It Ain't Right ) à la tempête (le lourd et dispensable Double Bubble Trouble).

Un disque un peu fourre-tout donc que l'on aurait aimé un peu plus recadré.