Beans On Toast

Certains aiment à s'offrir le dernier gadget high-tech en guise de cadeau d'anniversaire, certains de recevoir la tentation ultime sur laquelle ils lorgnaient depuis des mois. D'autres, comme Jay McAllister, aka Beans On Toast, préfèrent sortir un album à chaque date anniversaire, comme pour sceller le temps qui passe par une nouvelle galette. Marque de narcissisme ou hasard du calendrier, toujours est-il que le songwriter de l'Essex nous propose aujourd'hui Giving Everything, son cinquième album.

Anti-héros un peu malgré lui, Jay McAllister nourrit les clichés du « mec cool de la bande, que toutes les nanas adorent mais éternellement célibataire » : songwriter drôle, doué et talentueux, il reste pour beaucoup « le pote de Frank Turner » et cette amitié lui cause, à n'en pas douter, de rester dans l'ombre de son comparse. S'il devait être un personnage de Friends, il serait sans conteste Chandler Bing, qui choisit la voie de l'humour pour être apprécié, sachant que le rôle de beau gosse est déjà tenu par un autre. Le vilain petit canard revient avec Giving Everything à ce qu'il sait fait et laisse de côté les musiciens invités sur son opus précédent pour retenir une formule épurée, principalement constituée de guitare/voix, agrémentée à quelques endroits de touches de violon.

Doté d'un sens de l'humour exacerbé couplé à une dose de sarcasme non négligeable, McAllister balaie large sur cet album, passant d'un thème à l'autre sans transition aucune ; ainsi, l'environnement, la folie capitaliste des Etats-Unis ou la vie quotidienne des Britanniques est passée au crible. Sans jamais se prendre au sérieux, il ose même toucher au sacré saint sujet des Anglais, la famille royale, dans la très drôle Harry In A Helicopter. Il y raconte que Harry, petit dernier de la famille, tue son frère William pendant que la princesse accouche afin d'accéder au trône, concluant par un « War is bad and killing is wrong ». On voyage donc au gré des idées folles et de la perspicacité de Beans on Toast, dérapant parfois dans le mauvais (avec un Charlie aux sonorités reggae qui aurait été dispensable).

Cependant, cette fois, l'Anglais peine à convaincre et l'auditeur sombre rapidement dans la monotonie, entrecoupée de quelques sourires à l'écoute des paroles cyniques et amusantes qui restent le seul point fort de ce Giving Everything. Une fois n'est pas coutume, Beans on Toast passe complètement à côté de son album et devient une caricature du folkeux rigolo que l'on aime à écouter en buvant notre pinte à l'afterwork du pub du quartier.