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Fanfarlo

Let's Go Extinct

Fanfarlo - Let's Go Extinct
Chronique Album
Date de sortie : 10.02.2014
Label : New World Records
3
Rédigé par Julien Soullière, le 4 février 2014
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Annoncé en grande pompe par un sympathique EP livré en octobre dernier (The Sea), le nouveau long format de Fanfarlo est finalement arrivé sur nos bureaux, et c'est avec une attention toute particulière que nos oreilles délicates se sont abreuvées du son qui s'en échappe. Car, après la charmante surprise que fût leur premier-né Reservoir, et la sortie, trois ans plus tard, d'un second disque plus maîtrisé et ambitieux encore, nos anglais ont tout fait pour attirer l'attention, et, revers de la médaille oblige, ils sont aujourd'hui attendus au tournant. Du moins par celles et ceux qui avaient déjà mis leur nez dans l'affaire.

Pourvoyeurs d'une pop ample et multicolore, arche de Noé d'un nouveau genre dans laquelle les instruments (qu'ils soient à cordes, à vent, de percussion, ou de la famille des cuivres, aucune discrimination n'a cours ici) auraient pris la place occupée par nos amis les bêtes, Fanfarlo avaient tout doucettement fait évoluer leur univers musical au bon goût de rock folklorique, sans pour autant faire une croix sur leur goût pour les rythmes enlevés, leur sens inné de l'orchestration, et leur béguin pour les refrains qui se reprennent en chœur. Ainsi, d'une recette en partie composée de bouts d'Arcade Fire, de Broken Records, voire de Mumford & Sons, on se dirigeait vers un mets autrement plus intéressant en bouche, relevé ici et là de touches de jazz, d'ambiances piano-bar, et de fines digressions électroniques. Avec Let's Go Extinct, le groupe continue son chemin avec force et conviction, sans néanmoins réussir le home run espéré.

Ce qu'il y a, c'est que Fanfarlo aiment en faire des caisses, et qu'ils ont toujours eu du mal à se contenir. Néanmoins, là où Rooms Filled With Light noyait le poisson en jouant la carte de la diversité (franche, pas celle qui, comme le Diable, se niche dans les détails), ce nouvel opus se montre nettement moins habile, devenant quelque peu indigeste à force de dérouler son papier peint façon grand-mère, et provoquant à l'occasion d'intenses maux de crânes à trop amonceler les effets.
Disque de hippie-pop vintage aux couleurs chatoyantes, Let's Go Extinct pêche par son caractère trop prévisible, et donc routinier (et vas-y que je termine une fois encore mon morceau à la trompette, tel un jazzman miteux), et sa propension à déclencher ici et là des avalanches d'effets kitscho-factices, à l'instar de celles qui viennent ensevelir, et donc gâcher, des titres sympathiques comme Painting With Life et Life In The Sky, ou qui nous tiennent éloignés de la langoureuse The Grey And Gold parce que celle-ci sonne comme une mauvaise et vieille ritournelle de bar populaire.

Pour autant, ces quelques remarques ne doivent pas occulter deux choses. La première, c'est la capacité du groupe à trousser des mélodies de haut vol. D'accord, Let's Go Extinct n'est pas une machine à hits, bien moins que son prédécesseur en tout cas, mais entre Cell Song (et ses guitares qui fleurent bon le sable fin), Landlocked (porté par des percussions robustes et un refrain à tomber), ou encore The Beginning And The End (sublime spleen 80's), disons simplement que l'album n'est pas dénudé d'intérêt. La seconde, et on le laissait déjà entendre plus haut, c'est que nos anglais n'aiment pas faire du surplace ; aussi chacun de leur disque s'accompagne de petites évolutions qui, telles des étoiles nouvellement nées, viennent embellir un peu plus encore la constellation Fanfarlo. Ici, et en dehors de l'ambiance, plus éthérée qu'à l'accoutumée, qui drape le disque, on retiendra notamment le solo de flûte qui vient enchanter Myth Of Myself (A Ruse To Exploit Our Weaknesses), et les bongos qui viennent eux dynamiser Life in The Sky et Landlocked.

Avec Let's Go Extinct, Fanfarlo nous reviennent en forme, mais il semblerait qu'à ce stade, et c'est là un cruel paradoxe, il nous en aurait fallu dans le même temps un peu plus (prise de risques) et un peu moins (orchestration et rococo) pour être véritablement conquis. C'est sûr, la vie est du genre compliqué.
tracklisting
    01. Life In The Sky
  • 02. Cell Song
  • 03. Myth Of Myself (A Ruse To Exploit Our Weaknesses)
  • 04. A Distance
  • 05. We're The Future
  • 06. Landlocked
  • 07. Painting with Life
  • 08. The Grey And Gold
  • 09. The Beginning And The End
  • 10. Let's Go Extinct
titres conseillés
    Myth Of Myself (A Ruse To Exploit Our Weaknesses), Landlocked, The Beginning And The End
notes des lecteurs
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