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Bleech

Humble Sky

Bleech - Humble Sky
Chronique Album
Date de sortie : 10.03.2014
Label : Bucks Music Group Publishing
4
Rédigé par Baptiste Elman, le 20 mars 2014
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Il y a des jours maudits ou rien ne se passe vraiment comme prévu. Ce jour-là votre réveil ne se déclenchera pas, la douche sera immanquablement glacée, vous renverserez la moitié de votre tasse de café sur votre chemise immaculée amoureusement repassé la veille, la porte du métro se refermera sous votre nez, vous vous rendrez compte au début d’une réunion importante que vous avez oublié la clé USB avec le powerpoint que vous prépariez depuis des mois... et ainsi de suite. En résumé, vous aurez vécu une vraie journée de merde. En rentrant, vous n’aurez à priori qu’une envie : vous affaler sur votre canapé après avoir allumé votre système son et vous laver le cerveau à grands coups de riffs assassins ! Mais voilà : vous avez déjà écouté 3500 fois le Best Of de Led Zeppelin, passé dix-huit ans et demi la discographie de Scorpion devient carrément inaudible, la voix de Freddie Mercury vous a toujours donné de l’urticaire et de toute façon tout ce que vous avez d’autre sous la main c’est le dernier album de Yannick Noah que vous a offert votre marraine. Un petit problème d’inspiration donc ? Et bien, Humble Sky, dernier album du trio londonien Bleech, pourrait bien vous sauver la soirée !

Bleech, ce sont deux jeunes sœurs bassiste et guitariste et un batteur que l’on soupçonne fortement de s’être téléportés depuis les 90's à l’aide de la machine du film culte « Voyage Vers Le Futur ». Ces homonymes du premier album de Nirvana ont déjà à leur actif un premier disque et une poignée d’EPs en complet décalage avec les musiques pop-rock policés et (faussement ?) sophistiquées que tout groupe se doit de jouer en 2014. Sorti début mars mais joué comme en 1995, comme si depuis vingt ans le temps s’était arrêté pour eux, le trio balance un rock sale et incandescent à coup de morceaux coup de poing de trois minutes simplissimes et diablement efficaces. Et pour leur troisième album, ils ne vont pas changer cette alchimie qui avait déjà si bien fonctionné sur Nude, leur première galette, livrée l’an passé. Sans la moindre fioriture chaque piste est fondée sur la même recette, encore plus simple que celle des cookies : de la saturation, pas plus de deux ou trois accords, une rythmique puissante et implacable et des voix vénéneuses à souhait.

Immanquablement, sur les dix pistes de l’album, couplets et refrains dépouillés se déroulent avec une évidence mélodique et rythmique bluffante. Une euphorie grisante se dégage ainsi de chaque morceaux qui semblent chacun être joués comme s'il ne devait y en avoir qu’un seul.
Et si votre journée avait été boostée par cet album énergisant ? Dès les premiers coups de cymbales tranchants de Not Like You, impossible de louper le coche si le morceau avait fait office de réveil matin. Refrain imparable, guitares furieuses, mélodies entêtantes... Une chanson d’ouverture à l’image du disque à venir ! I Just Want You, morceau décapant par excellence et sa saturation brulante, auraient ensuite suffi pour résoudre n’importe quel problème de plomberie récalcitrante. Après une bonne douche, serait donc venu le moment d’assembler vos derniers neurones engourdis pour éviter l’inévitable catastrophe avec la chute du contenu de votre mug Johnny Hallyday préféré sur votre chemisette à fleur. La très carré Love Is Free, l’une des très belles réussites du disque, aurait ainsi été là pour vous soutenir dans l’assemblage des morceaux de puzzle de votre cortex. Au tempo beaucoup plus mesuré que les autres, elle augmente petit à petit en intensité jusqu’aux refrains explosifs qui emportent tout sur leur passage.

Pour bien commencer la journée, il vous faudrait aussi prendre le temps de savourer votre breuvage avec la ballade aérienne Isolate. Voici venu le moment de plonger dans le métro, et pour faire face aux petits désagréments des transports aux heures de pointe, le coup d’adrénaline que vous donneraient les musclés Marching Song et Here I Am tomberaient à point nommé. Après une matinée au top, où vous auriez enchainé les "conf call" avec l’assurance d’une rock star, un petit coup de mou dans votre journée de boulot ? Une pause café pour regonfler vos batteries au son de Spark et Light Up The World, morceaux bruts imparables, redonneraient confiance à une antilope blessée cernés par une famille de lions affamés. Rien de tel que Easy Ride pour rentrer en petite foulée rythmée du boulot. Enfin vous voilà chez vous, mettez vous à l’aise, préparez vous une menthe à l’eau bien fraiche et lancez la dernière piste. Voici la tendre ballade Grow, seul chanson du disque où le trio troque ses furieuses guitares contre un délicat piano. Les paisibles voix féminines referment ainsi en toute sérénité cet album placé sous l’ombre des valeureux soldats du panthéon du grunge : Sa majesté le regretté Kurt Cobain et le rouleau compresseur Nirvana, sa controversée dulcinée Courtney Love et sa réinterprétation féminine du mouvement avec Hole, et entre autre les frères d’arme de Soundgarden, Alice In chains, Weezer ou les Pixies...

Et avec tous ces parrains et marraines penchés au-dessus de leur berceau, Bleech ont a priori moins de souci à se faire que la pauvre Cendrillon qui n’avait, elle, que trois fées niaiseuses pour lutter contre le moindre petit sortilège.
tracklisting
    01. Not Like You
  • 02. I Just Want You
  • 03. Love Is Free
  • 04. Isolate
  • 05. Marching Song
  • 06. Here I Am
  • 07. Sparks
  • 08. Light Up The World
  • 09. Easy Ride
  • 10. Grow
titres conseillés
    Not Like You, Love Is Free Light Up The World
notes des lecteurs
notes des rédacteurs