Jimi Goodwin

Cela fait déjà cinq ans que les mancuniens de Doves sont restés musicalement silencieux. En effet, depuis le très bon Kingdom Of Rust, la bande de Jimi Goodwin l'a mise en veilleuse. Simple break ou split, le mystère reste complet. Toutefois le chanteur du groupe a décidé de sortir un premier album solo, signe qu'il était temps de sortir de ce trop long mutisme. Reste à savoir si, sans les jumeaux Williams, l'anglais était capable de faire aussi bien...

Le moins que l'on puisse dire est que l'album débute d'une manière un peu surprenante. En effet, Terracotta Warrior, hymne du retour, exprime à la fois un cocktail détonnant de rage et de bonheur. Les cuivres balancés d'entrée sur la voix furieuse de l'anglais étonnent. Certes l'univers Dovesien a quasiment toujours flirté avec une pop/rock soyeuse et disciplinée, même si quelques écarts un peu plus musclés ont parfois été constatés, mais dans cette plage d'ouverture, c'est un peu un manque de repère qui se fait sentir par-dessus tout. L'excès de vouloir trop en faire de par l'envie d'avoir beaucoup à dire nuit à ce morceau d'introduction. Et celui-ci va malheureusement s'avérer un peu révélateur de la suite de l'album.

Jimi Goodwin semble avoir voulu démontrer à travers ce disque qu'il est multi-facettes. Certes, il ne fallait pas s'attendre à une suite de Kingdom Of Rust, d'autant plus que l'absence de ses deux acolytes se fait cruellement sentir sur les cinq premières compositions de l'opus. Mais que dire à l'écoute des désastreux Live Like A River et Man v Dingo, où une électro disco putréfiée vient gangrener et condamner ce premier effort solo. Peut-être le britannique a-t-il trop abusé d'un breuvage qu'il évoque dans Oh! Whiskey, ce qui aurait engendré certains ravages précités ,
Fort heureusement, le disque va finalement prendre une toute autre dimension avec Keep My Soul In Song et sa mélodie jazzy sortie d'un film mélo-dramatique. Celle-ci redonne enfin un sens à Odludek. En effet lorsque Jimi Goodwin croone de sa voix plaintive, nous sommes prêts à lui pardonner ses excès en tous genres. Aussi, alors qu'on n'y croyait plus vraiment, le mancunien semble enfin se libérer et retrouve l'inspiration le temps des cinq dernières chansons de son album. Mention toute particulière à Lonely At The Drop où les belles heures d'antan sont de retour.

Odludek n'est donc pas la merveille espérée. Mais Jimi Goodwin réussit toutefois à nous passionner le temps de la face b d'un album qui avait pourtant mal démarré. Doit-on espérer un retour de Doves ou laisser prendre ses marques à un artiste en vue d'une carrière solo ? Il est vrai que l'on sait toujours ce qu'on perd mais jamais ce que l'on gagne à vouloir tout changer. Quoiqu'il en soit, il serait temps que la France commence sérieusement à s'intéresser à un artiste qui a sorti via son groupe de petites perles pop et n'a probablement pas terminé, au vu de la seconde moitié de son premier effort solo, de nous délivrer de jolies merveilles mélodiques.