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The Amazing Snakeheads

Amphetamine Ballads

The Amazing Snakeheads - Amphetamine Ballads
Chronique Album
Date de sortie : 14.04.2014
Label : Domino Records
45
Rédigé par Julien Soullière, le 7 avril 2014
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Ceux qui trouvent The Jim Jones Revue amusants, quoiqu'un peu trop sages, et regrettent que King Krule ne soit pas plus porté sur la guitare, auront désormais un nouvel objet de culte. Glasgow, terre de musique fertile, vient à nouveau de trembler, et des fissures qui lézardent le sol s'est échappé le premier album vigoureux et racé de The Amazing Snakeheads. Attachez vos ceintures, ça va secouer.

Que cela ait été volontaire ou non, il se dégage d'Amphetamine Ballads un quelque chose de très cinématographique, et cette caractéristique s'exprime autant dans l'ambiance qui émane du disque, urgente au point de mettre nos tympans à feu et à sang, que dans la gestion astucieuse de la narration, qui jongle sans mal et tout du long entre crescendos et silences. Mise en musique d'une descente dans les tréfonds de l'âme, Amphetamine Ballads est la bande originale d'un film encore non-réalisé par Quentin Tarantino, et dont l'action pourrait tout autant prendre place dans le nombril de La Louisiane qu'entre les oreilles du Mississippi. Si vous aimez la musique pourvue d'épaisses cojones, vous devriez être servis.

En équilibre constant sur le fil ténu qui sépare la complainte du brûlot rock'n'blues, à cheval sur cette frontière, parfois trop épaisse, qui distingue ce qui est dit de ce qui est joué, les morceaux qui composent Amphetamine Ballads sont autant de grains de sables chauds soufflés sur nos visages par le vent âpre du désert. Si l'atmosphère se veut des plus lourdes, au risque parfois d'en devenir franchement inquiétante (Swamp Song, ou encore Flatlining et son énorme ligne de basse), le trio sait aussi mettre de l'eau dans son vin, s'essayant à des titres volontiers plus dansants (Nighttime), voire, mais c'est plus rare, dénudés de toute rage (Tiger By The Tail).
D'une durée dépassant les sept minutes, Every Guy Wants To Be Her Baby restera certainement comme le clou du spectacle : véritable synthèse de ce que propose ce premier album, bâtie sur une longue et excitante montée en puissance, cette triste rengaine se voit également parée des touches jazzy qu'aiment à utiliser The Amazing Snakeheads (Memories y a le droit également), marquant là leur différence avec les comparses de Jim Jones, plus prompts, eux, à demander l'aide du gospel.
Bien sûr, tout ceci ne serait rien sans la voix ô combien écorchée de Dale Barclay, ingrédient clé de cette recette fort goûteuse, et qui n'est pas sans rajouter une touche de sombre poésie à un ensemble déjà peu avare en émotions.

Viscéral, intense, mais en rien expérimental, Amphetamine Ballads est un album-concept rugueux, profondément étouffant, un coup sèchement porté à la carotide d'une culture de masse dénudée d'aspérités. On ne sait guère jusqu'où pourra être répété l'exercice, mais à ce stade, ne vous posez plus de questions, et envoyez-vous ce disque en intraveineuse. Le plaisir, vous le savez bien, ça n'attend pas.
tracklisting
    01. I'm A Vampire
  • 02. Nighttime
  • 03. Swamp Song
  • 04. Here It Comes Again
  • 05. Flatlining
  • 06. Where Is My Knife?
  • 07. Every Guy Wants To Be Her Baby
  • 08. Memories
  • 09. Heading For Heartbreak
  • 10. Tiger By The Tail
titres conseillés
    Nighttime, Flatlining, Every Guy Wants To Be Her Baby
notes des lecteurs
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