The Sunshine Underground

Quatre ans. Quatre ans d'une attente interminable pour les fans séparent chaque album de The Sunshine Underground. Après avoir sorti en 2006 un premier album blindé de hits, l'étape du second album fût elle plus mitigée, révélant un Nobody's Coming To Save You moins immédiat que son prédécesseur mais qui sur la longueur aura su tenir la route. Ce troisième opus revient davantage aux sources en affichant une énergie puisant plus dans la house ou encore le funk que dans le rock.

Comme pour suggérer ce retour aux sources, le groupe nomme ce troisième album The Sunshine Underground, débutant d'ailleurs avec une composition nommée Start. Celle-ci reprend la recette si follement maîtrisée de Raise The Alarm, mêlant !!! et The Rapture dans une orgie dance de six minutes. Le chant de Craig Wellington alterne entre des couplets saccadés et un refrain aéré et malléable, sur des arrangements qui ne cessent de se croiser et se multiplier pendant que la rythmique s'alourdit sur un final déjanté. The Sunshine Underground are back !

Le mélange des genres de Raise The Alarm reprend ainsi du service, comme le confirme plus loin le single Don't Stop, au tempo plus modéré : melting pot de plusieurs inspirations, il présente de faux airs vocaux à la The Killers, une house façon LCD Soundsystem et un son de guitare emprunté à The Rapture époque Echoes.
Toutefois, quel que soit le genre musical, le son et les percussions distinctives de la formation de Leeds sont toujours là, sachant se renouveler sans cesse. On reconnaît donc leur musique sur n'importe quel titre, aussi bien Battles et son ambiance éthérée et sa discrète boîte à rythmes, que Nothing To Fear et sa mélodie disco bavante que l'on déteste adorer, accompagnée d'une basse ronde et de la voix hallucinée du leader de laquelle on retrouve la tessiture et l'attardement sur les mots qui ont tant plu sur le premier album.

La seconde moitié de The Sunshine Underground rappelle d'ailleurs encore davantage Raise The Alarm, principalement sur le chant de Craig Wellington faisant les montagnes russes entre une tessiture aigue et éthérée et une sonorité plus brute et directe. La dance-punk nerveuse du triptyque Nightlife / The Same Old Ghosts / It Is Only You révèle une atmosphère et des arrangements plus complexes qu'il n'y paraît, avant que l'album ne laisse place à son morceau le plus addictif, Turn It On.
Placé en avant-dernière position, ce même Turn It On possède la démence d'un The Way It Is (Raise The Alarm), affichant une mélodie simple mais efficace agrémentée de chœurs mélancoliques en arrière-plan. Bien que possédant une énergie débridée, elle dévoile toutefois un refrain désenchanté tellement brillant que l'on se prendrait presque à danser et pleurer en même temps !

The Sunshine Underground est au final le parfait compromis entre l'instantanéité dance de Raise The Alarm et le tempo rock plus apaisé de Nobody's Coming To Save You. On sent une ambition chez le groupe plus présente qu'auparavant, la moitié des compositions dépassant les cinq minutes, contrairement à leurs précédentes. Certains titres savent poser une ambiance (Battles, Start, The Same Old Ghosts, l'intense Here Comes The Storm), mettant autant les instruments en avant que la voix. Bref, un bon cru 2014 pour The Sunshine Underground. Vivement 2018 !