Kinesis

"Here we go", Kinesis débarque pour de bon sur le marché du rock anglais. Après plusieurs EPs plus que prometteurs (Billboard Beauty, Black Holes, The Flowers Are Dead), les locaux de Bolton se lancent ! On parle souvent de points communs entre amis, ici, c’est tout autre chose. Si Michael Bromley (chanteur/guitariste), Neil Chow (batterie), Tom Marschall (basse) et finalement Conor McGloin (guitare) se sont retrouvés autour d’une scène, c’est bel et bien pour exprimer leurs revendications communes et le mot n’est pas trop fort ! Ils ont d’ores déjà hérité du titre de "political band label" outre-Manche...

Rentrons dans le vif du sujet avec les premiers morceaux de ce «debut album». Avec 'One Way Mirror' et 'Billboard Beauty', le son puissant de ce groupe envahit les baffles. Le message passe, et l’oreille toujours attentive, nous raconte la quête de la perfection, dictée par la société. Un sujet, d’accord, peu original mais qui semble inévitable de nos jours...

Le morceau qui suit a tout d’un appel à la révolution ! Inspirés, entre autre, par Sartre et Rage Against the Machine, c’est plutôt ces derniers qui sont imités ici. 'Civilised Fury' est bien ficelé, mais le morceau souffre d’un manque d’originalité... Qu’importe, l’essentiel est ailleurs! 'Bloodstained Lips' est, pour ma part, le meilleur morceau de cet album. La mélodie me transporte dans un autre monde, à la manière d’un Hell Is For Heroes ou d’un Inme. Ca part lentement pour exploser quelques secondes plus tard. La voie de Michael Bromley vibre comme un appel à la déraison, une douce violence en quelque sorte... Vient ensuite 'This Dead End'. On ressent cette chanson comme un sprint vers la vie. Toujours cette sensation d’appel dans la voix du chanteur. On a toujours l’impression qu’il nous parle, nous interpelle. C’est une sensation que je n’avais jamais eue auparavant et elle a le mérite de rendre ce CD unique en son genre…

Juste après 'Conveyor belt Destruction', sans grand intérêt pour ma part, arrive '...And They Obey'. On rentre dans le vif du sujet avec ce morceau. En gros, le thème de cette chanson tourne autour de la mondialisation et de la part étouffante qu’y occupe les USA. Pour le côté musical, rien à redire, c’est efficace et sa courte durée (2’30) donne l’effet d’une claque! 'Average American Corpse', 'A Generation Devoid of Inspiration' et 'Cling (to your innocence)', une distillation du désespoir adolescent ne sont pas aussi réussis que les morceaux plus rapides. Dommage, le CD perd quelque peu de son homogénéité, surtout que des morceaux tels que 'The Flowers Are Dead ou bien encore 'Black Holes' ne figurent pas sur cet album...

Restent les catalyseurs 'Forever Reeling' et 'Everything Destroys Itself'…je dis attention à la décharge électrique! Conor McGloin nous donne envie d’acheter le meilleur ampli du marché…pour dérégler le sonotone de la voisine! Ca vibre, et j’ai accroché dès la première écoute, ce qui pour ma part arrive rarement, bref c’est urgent ! Everything destroys Itself se démarque par le message qu’il transporte. Ici, c’est la montée du fascisme en Europe de l’Est, et l’indifférence des jeunes qui est mise en avant. La voix de Bromley est toujours aussi révélatrice de son tempérament. Il crie sa hargne dès la première seconde du morceau et ne s’arrêtera…jamais !

Pour synthétiser, cet album est une réussite, car même si certains morceaux manquent de « personnalité musicale » en quelque sorte, le message que ces jeunes de Bolton (moyenne d’âge : 20 ans) veut nous faire passer est évident. Il s’y dégage une grosse impression de maturité, que ce soit au niveau de l’efficacité de certains morceaux ('Bloodstained Lips', 'Forever Reeling', …And They Obey, 'One Way Mirror') que sur scène où leur représentation est bien rôdée.