Nick Mulvey

L'ex-joueur de « hang » (cet instrument à percussion moderne qui ressemble étrangement à un wok...) du groupe Portico Quartet décide en 2011 de voler de ses propres ailes, quittant alors la complexité de son jazz pour s'adonner à un folk épuré et écorché. Nick Mulvey sort donc aujourd'hui son premier album solo intitulé, logiquement, First Mind.

Quand il ne se fait pas épique et tonitruant à la Mumford And Sons, le revival folk moderne (Bon Iver et consorts) se veut souvent l'incarnation du zen – avec pour mots d'ordre, calme, dénuement et solitude. Rien de tout cela chez Nick Mulvey, qui garde son calme mais en y mettant du rythme. Informé par ses études d'ethnomusicologie, mention musiques africaines, et ses quelques années vécues à Cuba, l'Anglais enrichit sa guitare acoustique de rythmiques africaines et caribéennes qui lui donnent une saveur toute particulière.

Dans l'ensemble, First Mind est un album dépouillé et réduit à l'essentiel, porté par la virtuosité technique du jeu de guitare d'influence hispanique de Nick Mulvey. Mais c‘est dans ces moments où le folk dépouillé rejoint le rythme et la danse que l'album atteint son meilleur potentiel, sur Juradicam en particulier, ainsi que sur Cucurucu. Même sur les morceaux les plus lents tels que April, le contemplatif côtoie un fingerpicking endiablé. Pour d'autres morceaux, la musique se fait même jazzy par moments, conséquence naturelle de sa filiation avec Portico Quartet.
Nourri par son étude de la musique du monde, Nick Mulvey semble également adepte des clubs et du sampling, reprenant ainsi de façon discrète sur Nitrious un extrait du hit dance des années 90 You're Not Alone d'Olive. Improbable. Le refrain de Nitrious est d'ailleurs lui-même parfaitement similaire à celui de Cucurucu, en termes de progression musicale. Malgré ces quelques rappels, Nick Mulvey parvient à introduire un peu de variété entre ses chansons – ce qui peut être une lacune majeure de ces albums de folk lisses, léchés et monotones.

Le revers de la médaille, quant à la variété, est que tous les morceaux n'ont pas la même force. Parmi les maillons faibles, le premier morceau First Mind n'est qu'une introduction somme toute assez fade à cet album qui prend heureusement plus d'ampleur dès le suivant, Fever To The Form. Un assez bon début, donc. A suivre.