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Oasis

Definitely Maybe [réédition]

Oasis - Definitely Maybe [réédition]
Chronique Album
Date de sortie : 19.05.2014
Label : Big Brother Recordings
45
Rédigé par Amandine, le 12 mai 2014
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1994, période charnière pour la musique au Royaume-Uni ; alors que le mouvement Madchester périclite et que la britpop éclate sur le devant de la scène, un ouragan va venir balayer les bonnes mœurs et marquer à jamais l’histoire d’Albion. Rares sont les groupes pouvant se targuer d’avoir frappé aussi fort qu’Oasis et leur Definitely Maybe.

Faisant la nique aux héros londoniens tels que Suede ou Blur, les frères Gallagher entrent directement par la grande porte avec un disque énergique, pugnace et insolent à souhait.
A l’heure où la presse musicale n’a d’yeux que pour le premier album solo de leur ennemi de toujours, Damon Albarn, Oasis fêtent le vingtième anniversaire de la sortie de Definitely Maybe en rééditant une version remasterisée agrémentée de bonus tracks et autres lives.

« We’ve caught the spirit of what was missing in a lot of people lives » : c’est ce que déclarait Noel Gallagher, illustre songwriter et tête pensante d’Oasis, au sujet de Definitely Maybe. Rien que ça. En effet, ce premier essai des lads de Mancheter n’a d’égal que la suffisance de ses membres, ce qui leur vaudra à la fois leurs moments de gloire et leur propre perte en 2009 lors de leur séparation officielle dans les coulisses de St Cloud.
Début 93, alors que Blur enregistraient leur illustre Parklife, The Rain, décidant de se prévaloir de Noel Gallagher comme chef suprême, devenaient Oasis et croisaient la route d’Alan McGee, boss de Creation Records, qui assiste à l’un de leurs tout premiers concerts. Ce dernier, voyant le potentiel, décide d’emblée de les signer et c’est dans la douleur, après trois séances d’enregistrement, que naîtra Definitely Maybe.
Être des loseurs de Manchester la grise aurait pu faire souffrir Oasis de comparaisons difficiles à porter (Joy Division, The Smiths, The Stone Roses pour ne citer qu’eux) mais au lieu de cela, le groupe propose un nouveau souffle musical à un moment clé. Malgré des influences parfois mal digérées et non dissimulées (The Beatles et The Stones Roses en tête de file), leur arrogance comme étendard et leurs déclarations fracassantes sous le bras, Oasis vont jeter à la face du monde tout le talent dont ils sont pétris en seulement onze morceaux.

Dès l’entame, le ton est donné et la messe est dite avec Rock’n’Roll Star. La combinaison du chant désinvolte de Liam et du songwriting génial de Noel permettent de donner ce son unique, fait de reverb' et de riffs appuyés. Alors qu’Oasis restent connus pour leurs hymnes pop beatlesiens façon Champagne Supernova, Whatever ou Don’t Look Back in Anger, les débuts sont résolument plus rock. Difficile de penser que ce condensé de tubes en puissance est un premier effort puisque par le biais de cet album, tout est déjà là, même si le successeur, (What's The Story ?) Morning Glory, confirmera l’excellence dont savent faire preuve Oasis lorsqu’il s’agit de pop.
Contrairement à leurs ennemis jurés qu’étaient Blur, les Mancuniens cultivent la sex, drugs and rock’n’roll attitude, déglinguent leurs chambres d’hôtels, sont odieux avec les journalistes et déclarent à tout-va qu’ils sont le meilleur groupe de rock du monde. Mais finalement, c’est aussi probablement par le biais de ces frasques que s’est bâtie la réputation du groupe. Aujourd’hui, on retient surtout les prises de becs entre frangins et on en oublie l’essentiel : un hymne fédérateur comme Supersonic comme premier single, un accent à couper au couteau (qui n’a jamais singé Liam et son « Is it juuuust my imadginéisheeeeun ! », bras dans le dos, collé au micro ?), des riffs endiablés et des paroles sur la vie minable de branleurs à Manchester, il n’en fallait pas plus.
Definitely Maybe est définitivement un album magistral et sa réédition mérite probablement un gros coup de pub. Pour ce vingtième anniversaire, ce n’est pas moins de trois disques qui sont ici proposés. Le premier voit l’album en version remasterisée tandis que les deux autres reviennent sur les faces B et autres raretés et démos. Si certains titres comme la reprise de I Am The Walrus ou D'yer Wanna Be A Spaceman valent le détour, on se dit que le groupe tire un peu trop sur la corde quand on constate que deux lives différents de Supersonic y figurent. A la vue de Whatever, on aime également à se rappeler que ce titre phare du groupe date lui aussi de cette période. Décidément...

Alors que le mouvement britpop commence à prendre de l’ampleur, Definitely Maybe prend l’Angleterre à contrepied avec un son résolument plus rock. La suite, quant à elle, sera de moins en moins glorieuse mais les deux frangins les plus têtes à claques du Royaume-Uni, avec leurs deux premiers albums, marqueront d’une pierre blanche l’histoire de leur pays.
Désormais, Oasis ne sont plus : Noel flirte avec Damon Albarn et Liam continue ses frasques d’adolescent attardé, mais cinq petites lettres sur Twitter auront suffi à déchaîner les passions il y a à peine quelques jours, signe qu’Oasis portent toujours autant leur statut de groupe culte.
tracklisting
    01. Rock'N'Roll Star
  • 02. Shakermaker
  • 03. Live Forever
  • 04. Up In The Sky
  • 05. Columbia
  • 06. Supersonic
  • 07. Bring It On Down
  • 08. Cigarettes And Alcohol
  • 09. Digsy's Dinner
  • 10. Slide Away
  • 11. Married With Children
titres conseillés
    Cigarettes and Alcohol, Supersonic, Live Forever
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