Liz Green

Depuis déjà trois ans, Liz Green se forge une petite réputation. Pas vraiment folk, parfois blues, très peu pop et doucement jazz, la mancunienne se démarque de ses contemporains, le prouvant d'ailleurs une seconde fois avec un Haul Away! dans la lignée de son prédécesseur : Liz Greenien.

Ce qui fait l'atout premier de Liz Green est donc sa musique, unique et personnelle, à mille lieues de bon nombre de groupes et artistes que l'on peut entendre en radio. La première plage, Battle, le prouve encore très bien : à partir d'une simple guitare folk, elle interprète un titre aux arrangements quelque peu arythmiques sur lesquels elle pose sa voix à la fois forte et douce.
Plus loin, la guitare acoustique se mêle au trombone sur le blues-folk débridé de Empty Handed Blues, avant de diriger la sublime Penelope, construite en deux temps : d'abord poignante, faite d'accords simples et portée par la voix profonde de l'artiste, elle révèle ensuite sur son troisième tiers une folk à la Matt Elliott, au tempo s'intensifiant progressivement et accompagnée de chœurs cristallins.

Alors que O, Devotion! laissait beaucoup de place à la guitare acoustique, le piano de Liz Green se voit être ici l'élément central. L'instrument permet une fluidité et un aspect cabaret jazzy plus aéré, les compositions n'hésitant pas à changer de nombreuses fois de tempo au fil de leur évolution. La chanson-titre en est un parfait exemple : le piano se mêle aux autres instruments qui font progressivement leur apparition, les notes de la musicienne virevoltant alors entre les souffles du saxophoniste et les coups d'archet du contrebassiste sur près de cinq minutes au rythme mouvant et dansant.
Haul Away! contient même une somptueuse plage instrumentale au piano, Little I, aux sonorités proches d'un Yann Tiersen, auquel vient se mêler un violoncelle discret venant assombrir l'ambiance. Les deux instruments se répondent, antinomiques et pourtant tellement complémentaires, délivrant sur près de quatre minutes de nombreuses mélodies plus belles les unes que les autres.

Parmi les compositions les plus intéressantes de Liz Green l'on peut nommer celles faisant appel à tous les instruments, du violoncelle à la contrebasse en passant par la batterie, toujours discrète mais vraiment essentielle, formant des structures à la fois jazzy et pop-folk. Rybka, Where The River Don't Flow, ou encore Island Song font ainsi partie des meilleurs titres de ce second album, aux changements de rythme incessants et aux instruments revigorants.
Mais tous ces instruments ne seraient probablement rien sans le chant envoûtant de Liz Green. Celui-ci se marie parfaitement aux arrangements, notamment sur les changements de tonalité, entre des couplets aérés et des ponts et refrains plus graves ou mélancoliques. L'anglaise sait varier les tessitures pour s'accorder le plus possible avec les émotions que délivrent chaque instrument, chaque texte.

Tout aussi brillant que O, Devotion!, Haul Away! est aussi plus lumineux, autant dans les arrangements que les textes. L'univers de Liz Green, poétique et singulier, est ainsi enrichi de nouvelles histoires, de nouveaux contes Tim Burtonien, et d'une musicalité empruntant un chemin semé de notes de piano fougueuses et de courants d'air de saxophone encore plus endiablés !