Nat Jenkins & The HeartCaves

Quand on est un garçon élevé aux sons du Clash, scolarisé avec les enfants du Clash et que l'on porte les mêmes bretelles que Mick Jones sur la pochette de Combat Rock, on attire inexorablement la lumière sur soi. Une lumière pour affirmer, haut et fort : Non, les guitar bands ne sont pas morts !

Alors que les couleurs pastel et les coupes amples ont pris le pas sur les peaux de cuir et le denim slim délavé ; alors que la plupart des artistes conversent avec leurs machines électroniques comme ils conversent avec leur guitariste – mais en langage Midi – et alors que le rock est devenu un fourre-tout criard souvent fait de beat exotiques et parfois sans âme, certains résistent et nous rappellent que le rock qui crisse, craque et sent les phéromones, ne peut pas être binaire. À l'occasion de la sortie en France de leur premier album, le message affiché par Nat Jenkins & The Heart Caves, en forme de jeu de mots, est on ne peut plus clair : Now, Hear This !

Et si on revenait aux fondamentaux, au classique ardent, au rock qui coule, encore, de source ? Basse, batterie, guitare et chant, parfois torturé comme un instrument que l'on pousse dans ses retranchements, quand le texte ou l'intensité sonore l'exigent. Précédé de plusieurs singles ayant déjà fait le buzz comme East And West ou Home, ce premier album de Nat Jenkins & The Heart Caves sonne comme un très belle surprise et un vibrant hommage à des aînés, à archiver avec soin aux cotés des Libertines ou des Palma Violets et à laisser vieillir un brin avant d'être rangé aux cotés de millésimes plus anciens et prestigieux. Avec Mick Jones et Chris Kimsey (The Clash, The Rolling Stones...) à la baguette, Nat Jenkins & The Heart Caves ont vu leur berceau béni des fées et ont pu bénéficier des compétences de deux géants du rock UK. Une première œuvre dont on pourra regretter le contenu un peu léger – neuf titres et vingt-cinq minutes – mais, qui, comme d'autres par le passé, arrive à s'imposer par cette même urgence.
Des intros claires, jouées sur une seule guitare pendant que la batterie s'échauffe pour mieux monter dans les tours sur des refrains, rapidement mémorisables (East And West, Home). Une construction alternant titres autoritaires et complaintes sentimentales sur des ballades qui ne souffrent d'aucun ajout de sucre, ni d'édulcorant (Lost And Lonely). De fins assemblages de tempos rock que laissent respirer des ponts, jamais trop longs (Sweet Dreams Of Friday Night) pour mieux mettre en exergue la voix et le chant, toujours très engagé, de Nat Jenkins. Chez cet amateur des poètes de la beat génération et amoureux de Paris au point d'en avoir fait sa ville d'adoption, les textes ne laissent rien au hasard et portent en eux, une fois chantés cette maturité qui permet aux artistes, souvent plus aguerris, de faire de chansons, moins riches au premier abord, des titres aux qualités plus lyriques (St Benois, While The Record Spins). Le rock c'est ce que l'on omet, l'erreur qui donne le tout...

Avec un tel bagage pour faire leur entrée, Nat Jenkins et ses Heart Caves sont armés pour le bel avenir prédit par de nombreux médias et par l'accueil réservé à Now Here This en Angleterre où l'opus est sorti depuis novembre dernier.