David Gray

Bon vent mal vent, David Gray continue de creuser un sillon fertile et revient avec une dixième galette depuis ses débuts, en 1993. Un record de longévité dans la catégorie folk singer dont David Gray ne s'est jamais vraiment écartée, depuis sa consécration avec l'album White Ladder. Parfois égaré dans la culture et le culte du succès populaire, David Gray, qui peut s’enorgueillir d'avoir parfois été comparé à Damien Rice et même à Bob Dylan, nous offre un Mutineers de belle facture fait de ballades à la sensibilité qui évite le pataud et de contes folk écrits à cœur ouvert et dans l'idée de tirer un trait sur un passé récent. Un passé composé dont l'immense succès de White Ladder, vendu à plus de sept millions de copies de 1998 à 2000, a fait de son auteur, un habitué des charts UK comme US et des collaborations prestigieuses.

Sorti sur le label indépendant IHT Records le 30 juin dernier, le disque était introduit par le premier single Back In The World, dont le titre résume bien l'état d'esprit de son auteur, dès le mois d'avril. Quand on est un songwriter populaire au sens noble et parfois pécunier du terme, le besoin de se remettre en question et de retrouver un certain goût du risque (calculé) se fait sentir dans une si longue carrière. Avec l'album Mutineers et son titre phare éponyme, David Gray a choisi de partir des textes pour y poser sa musique et non l'inverse comme ce fut le cas jusque là. Autres influences puisées de ci de là, la double basse et les nappes de violons imposant un espace mélodique plus fort et chargé d'émotions (Mutineers, Last Summer). Une œuvre où l'imposante voix, toute en trémolo, de David Gray fait jeu égal avec l'orchestration et change de ton pour un registre plus profond et moins populaire.
Avec l'apport d'Andy Barlow, producteur et arrangeur du disque (qui collabora avec Damien Rice), le dixième album de David Gray, enregistré à The Church Studio de Londres, possède cette cohésion qui faisait défaut au dernier opus en date, Founding. Le briefing de David Gray était simple : Andy Barlow avait pour mission de provoquer l'étincelle qui ferait sortir l'auteur de la trace suivie depuis quelques années...
Le duo piano/voix fonctionne toujours à merveille mais se voit porté aux nues par une production intelligente qui ne cherche pas à alourdir, mais à simplifier les compositions souvent aériennes de David Gray (Birds On The High Artctic, Gulls).

Avec un horizon plus large et presque chargé de ces embruns qui frappent toutes les cotes de son île royaume, la dernière proposition de David Gray recentre l'artiste dans les thèmes et les sonorités qu'il maîtrise le mieux. Une invitation au voyage et à la contemplation, sans surcharge, qui replace l'artiste sur une voie qui a toujours été la sienne.