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Eno • Hyde

High Life

Eno • Hyde - High Life
Chronique Album
Date de sortie : 30.06.2014
Label : Warp Records
35
Rédigé par Olivier Kalousdian, le 6 juillet 2014
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Deuxième album de la collaboration entre Brian Eno et Karl Hyde, High Life joue sur les mots et perd son auditeur, hésitant entre le nom donné au style Africain né au Ghana actuel début 1900 et l'expression anglaise que l'on peut traduire par "la grande vie". Certains y verront peut être également une connotation au Low Life de New Order, sûrement le plus célèbre album du groupe, sorti en 1985.

Mais c'est du coté des rythmes africains et de l'influence de Femi Kuti qu'il convient de chercher les références pour cet opus sorti chez Warp Records, aux relents de musique répétitive dont Philip Glass fut le précurseur. Quand Karl Hyde, chanteur et guitariste de l'une des formations techno les plus importantes du siècle dernier (Underworld) décide de collaborer avec le grand Brian Eno pour l'album Someday World, il sait qu'un seul opus ne sera pas suffisant pour expurger l'énergie issue de la rencontre de ces deux musiciens, hors norme. Et quand Brian Eno propose à Karl Hyde de rempiler immédiatement pour aller puiser dans l'Afrique et ses rythmes sorciers, la réponse de Karl Hyde ne se fait pas attendre. Lui qui a toujours privilégié le funk et l'afro beat au rock que ses amis d'enfance vénéraient (les influences sur les rythmes hypnotiques d'Underworld parlent d'elles-mêmes) se fait une joie d'ouvrir à nouveau les archives de la famille Kuti et du style ghanéen mêlant cordes slappées, rythmes syncopés et tempos répétitifs.

De Return à Time To Waste It en passant par Lilac, ce sont, à chaque fois, plus de huit mintues de transe africaine relevée de tonalités électroniques qui envahissent l'espace auditif. Sur Time To Waste It et ses guitares afro, les nappes synthétiques en arrière plan et la troublante voix féminine aux accents orientaux ne sont pas sans rappeler un monument de la BO Sci-Fi qu'est la scène du bar dans Blade Runner où tous les styles du monde semblent mixés par un compositeur visionnaire pour un patchwork futuriste et presque inquiétant.
Moulded Life est quant à lui le titre le plus expérimental et l'apport de Karl Hyde semble à son maximum dans l'ajout de multiples couches synthétiques, parfois noisy, qui font de ce titre au tapis toujours afro beat, le précurseur d'un style novateur encore non identifié. Avec DBF, les rythmes africains chéris par Femi Kuti et son père, Fela, transpirent de beats polyrythmiques (comme les nomme Brian Eno) frénétiques sur lesquels on imagine quelques Ghanéennes entrer en transe et s'excitent dans une mystique qui tranche avec le reste du disque.

Ce disque ne renie rien du style ambient que Brian Eno a contribué à inventer et dont la patte se fait immensément sentir sur le répétitif Lilac et, surtout, le dernier titre de l'album, Cells & Bells. Une composition où les voix passées à la moulinette des bits informatiques s'étirent et s'étalent dans un écho de cathédrale simplement soulignées par des claviers d'une longueur d'onde remarquable pour un résultat quasi monastique, confinant à la méditation. Comme souvent chez Brian Eno...

Trance, afro beats, wolrd music et séquence répétitives... Tout l'arsenal de ces deux électroniciens de génie est déployé sur High Life. Un disque exigeant à ne pas mettre entre toutes les oreilles, mais au talent indéniable. Brian Eno et Karl Hyde démontrent, une fois de plus, qu'ils ont été et restent les gourous de l'expérimentation planante et dansante.
tracklisting
    01. Return
  • 02. DBF
  • 03. Time To Waste It
  • 04. Lilac
  • 05. Moulded Life
  • 06. Cells And Bells
titres conseillés
    Time To Waste It - DBF
notes des lecteurs