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The Moons

Mindwaves

The Moons - Mindwaves
Chronique Album
Date de sortie : 21.07.2014
Label : Schnitzel Records
2
Rédigé par Hugues Saby, le 24 juillet 2014
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« Tu m'as tellement pompé, c'est moi qui touche tes droits d'auteurs ». Cette punchline d'Orelsan m'est venue immédiatement à l'esprit lorsque j'ai branché ma platine pour écouter le troisième album de The Moons : Mindwaves.

Passée une introduction un peu superflue mais qui a le mérite de positionner clairement le groupe sur un créneau rock psyché, on se pince pour être sûr de ne pas rêver. Il faut dire qu'ils n'y vont pas à moitié, les bougres. Dès le deuxième titre, on a du mal à en croire ses oreilles. Ce riff de basse entêtant, ces tambourins... Si ça ne vous dit rien, filez chez le disquaire du coin pour acheter le double rouge des Beatles, et on en reparle. Mais allez, soyons bon prince : on a tous pris quelque chose aux Fab Four un jour ou l'autre, alors, pour cette fois, on passe l'éponge. C'est quand arrive le refrain que les choses se gâtent. Sérieusement les mecs ? Morning Glory ? Soit vous pensiez vous en tirer sans que personne ne s'en aperçoive, auquel cas vous êtes un peu naïfs, soit c'est pleinement assumé. Mais dans ce cas, ce n'est plus de la référence, c'est du vol manifeste. « Z'êtes crac dedans ! » comme dirait l'agent Longtarin.

Le pire, dans cette histoire, c'est que The Moons ont des idées, et des bonnes avec ça. Prenez Vertigo par exemple. D'accord, c'est le nom d'un morceau des Libertines et d'un film de Hitchcock. Mais il est bien ce titre, excellent même. Quand l'influence seventies très marquée du groupe rencontre une ligne de basse ultra moderne, des petits synthés bien sentis, une rythmique et des guitares au cordeau, le résultat est impeccable, et ultra accrocheur. C'est d'ailleurs l'une des caractéristiques putatives de cet album. On sent que le groupe possède un réel talent mélodique, et une immense propension à composer ce que les Anglais appellent des « killer hooks », soit des riffs qui vous attrapent bien comme il faut et ne vous lâchent plus. C'est le cas sur les meilleurs titres de ce disque.
Ainsi, All In My Mind est lumineux avec ses arrangements de cordes carrément épiques, sa mélodie géniale et son refrain gavé de réverb. De même, l'envolée finale, On The Moon, réussit à s'extraire du schéma classique « ballade au piano » en empruntant quelques ficelles aux monuments de la pop music pour donner une très belle fin à Mindwaves, qui vous restera longtemps dans la boite crânienne, garanti sur facture. Cette promenade rêvée sur la lune pourrait presque rappeler Bowie par moments dans le degré de pureté de l'émotion distillée et la qualité du storytelling. On passera en revanche une nouvelle fois l'éponge sur un choix de titre et de refrain douteux. Même si les deux morceaux n'ont rien à voir, pas facile de se réapproprier sciemment ces mots immortalisés par Police.

Alors bien sûr, qui vole un œuf vole un bœuf, et The Moons ne peuvent s'empêcher de chaparder des idées à pas mal de leurs contemporains. Parfois, c'est un menu larcin, parfois, c'est le casse du siècle. Comme sur Body Snatchers par exemple, et plus encore sur Fever, où l'ombre de Kasabian est plus qu'omniprésente (cette rythmique obsédante, la même que sur Shoot The Runner). Au fil de l'écoute, d'autres groupes (souvent bien meilleurs) se rappellent eux aussi à notre bon souvenir.
Vous connaissez l'histoire de l'œuf et la poule ? Cet album, plutôt très bien fait et plaisant à écouter, l'est-il uniquement grâce à ses vols à la tire, ou bien y a-t-il un réel talent musical à la base, qui du coup rend dommageable ces similitudes permanentes ? Pas facile de répondre à cette question. Les morceaux de brillance du disque veulent nous faire voir le verre à moitié plein. Mais même quand la musique est de qualité, elle pêche souvent par excès d'originalité. Comme sur You Can't Slow Me Down, une bonne chanson, bien écrite et bien composée, mais qui ne va pas pisser plus loin que ça tant les effets ont été mille fois entendus. Heart And Soul, Sometimes, Time's Not Forever et Rage And Romance sont de la même trempe, et constituent le gros ventre mou de Mindwaves, s'engouffrant trop facilement dans des brèches devenues des quatre-voies à force d'être empruntées : celles d'un blues rock aux cuivres pompiers ou d'une pop-rock molle à la Kaiser Chiefs.

Tout cela est d'autant plus malheureux que sur les rares bon titres de l'album, on aperçoit tout le potentiel du quatuor britannique. Celui d'un groupe qui pourrait avoir un style bien à lui, oscillant avec panache entre blues psychédélique, pop rock synthétique et ballades oniriques. Mais à trop piquer dans l'assiette du voisin, The Moons restent un bête groupe comme il en existe des milliers, avec à sa tête un énième sosie de Liam Gallagher. What's the story ?
tracklisting
    01. Luna Intro
  • 02. Society
  • 03. Body Snatchers
  • 04. Fever
  • 05. Vertigo
  • 06. All In My Mind
  • 07. Heart And Soul
  • 08. You Can't Slow Me Down
  • 09. Sometimes
  • 10. Times Not Forever
  • 11. Rage And Romance
  • 12. On The Moon
titres conseillés
    All In My Mind - Fever - On The Moon
notes des lecteurs
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