King Creosote

Voilà un petit moment que l'on n'avait pas revu King Creosote dans les bacs ! Trois ans après sa collaboration avec Jon Hopkins sur l'album Diamond Mine, qui leur a valu une nomination au prestigieux Mercury Prize, l'Écossais Kenny Anderson (de son vrai nom) est de retour avec une bande originale de film ; celle d'un documentaire réalisé à l'occasion des Commonwealth Games à Glasgow, une compétition sportive réunissant une cinquantaine de pays.

Baptisée From Scotland With Love, celle-ci laisse place à des chansons plus ou moins mélo-dramatiques et/ou épiques, se mouvant au cœur des traditions écossaises et de la pop moderne : on alterne entre quelques courts instants de rock hypnotiques (For One Night Only et ses touches électroniques), hymnes de stade (Pauper's Dough et sa montée de choeurs quasi christique), des ballades pop-folk à l'eau de rose (One Floor Down) mais dont le romantisme est parfois poussé malheureusement à outrance par des violons trop présents et des mélodies pas toujours judicieuses (Cargill, Miserable Strangers, pas loin d'une Tracy Chapman de bas étage) mais aussi – et heureusement - de gracieux moments de folk céleste et luxuriant (Leaf Pieces) sur lesquels King Creosote séduit par sa voix belle et fragile, grave et aigüe à la fois.

Produit par David McAulay (Remember Remember, Mogwai, etc...) dans les studios Chem19 à Glasgow, le songwriter ouvre aussi une brèche du côté de la musique tzigane en emmenant l'auditeur au cœur des Balkans sur l'énergique Largs, qui se distingue par sa clarinette, sa batterie au ballet et ses violons fougueux. Plutôt bon dans l'habillage sonore instrumental (en témoigne le bel intermède post-rock Crystal8s et l'outro de cordes A Prairie Tale), King Creosote tente aussi d'autres accroches en dévoilant des chœurs d'enfants sur un rythme acoustique up-tempo bienvenu (Bluebell, Cockleshell, 123).

Dommage que l'album se complaise toutefois un peu trop dans des mélodies globalement lisses et des arrangements sans réelle inventivité, qui caressent souvent trop dans le sens du poil et ne laissent aucune - sinon peu - de place à la surprise. Surprise dont on sait d'autant plus que l'Écossais est pourtant capable de créer la plupart du temps...