Dark Horses

Il aura donc fallu attendre trois ans pour que le second opus de Dark Horses montre enfin le bout de son nez. Si le groupe de Brighton expérimentait depuis quelques temps déjà certaines chansons de Hail Lucid State sur scène, le sextet a pris le temps de bien faire les choses et de ne surtout pas bâcler le successeur de Black Music.

Le disque démarre sur les chapeaux de roue avec le rageur Live On Hunger, où on perçoit en effet la faim animant le groupe. Évoquant Siouxsie And The Banshees ou encore The Duke Spirit, la pop sombre et psychédélique de la plage d'ouverture fait mouche. La voix de Lisa Elle se glisse à merveille sur la mélodie sale à souhait de la chanson. Pourtant il n'y rien de terriblement novateur dans ce début d'album. En effet, le groupe plante rapidement le décor et emprunte un espace musical s'assimilant à une longue route désertique et ensoleillée, environnement parfait pour illustrer un rock psychédélique. Oscillant entre romantisme et noirceur, Hail Lucid State affiche sans détour une profonde sensualité notamment avec le bien-nommé Desire. Saturn Returns et ses nappes synthétiques cold wave glacées et perforantes nous plonge à nouveau dans une déferlante noisy de très bonne facture.

La musique de Dark Horses possède également ce côté cinématographique. On pourrait très facilement la retrouver dans la bande son de la série Sons Of Anarchy où Transister y ferait merveille. En effet, l'univers des Hell's Angels se conjugue parfaitement avec la musique des chevaux noirs. Le noir se marie aussi à merveille avec le rouge, en l'occurrence le sang, thématique classiquement abordée et inévitablement présente sur le disque dans un Wise Blood langoureux et pervers. Assez curieusement c'est à partir de là que le disque perd de son intensité avec notamment le titre qui donne son nom à l'album, et s'apparente un peu à une forme de remplissage, suivi de Sevens, instrumental particulièrement dispensable.
Le groupe tente alors un sursaut avec un Wake Up à la basse glaciale qui ne suffit pas pour nous replonger dans un album qui avait pourtant plutôt bien démarré. Les Dark Horses évitent cependant un complet naufrage dans la seconde partie de leur opus grâce à un The Bravest fort heureusement bien inspiré. Western venant clôturer la quarantaine de minutes du disque dans une orgie musicale pas forcément déplaisante.

En ayant cherché à démarrer Hail Lucid State un peu trop fort et probablement trop vite, Dark Horses auraient pu sérieusement se prendre une belle gamelle. Les anglais s'en sortent toutefois avec les honneurs sur ce disque un peu inégal dont on préférera ne retenir que les bons moments, en l'occurrence les cinq premières chansons, ou la première face si vous êtes adepte du vinyle.