JAWS

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Issu de la culture amérindienne, fabriqué artisanalement, je suis avant tout reconnaissable par mon anneau en bois sur lequel est placé un filet en toile d'araignée et auquel sont attachées des plumes. Objet ésotérique, placé dans la chambre à coucher, je suis censé préserver le sommeil de mon propriétaire en filtrant les bons des mauvais rêves, qui seront eux capturés dans la toile et brûlés par les premiers rayons du soleil. Je suis, je suis...
Ding Dong.
Je suis le capteur de rêves ! (Les réponses « attrapeurs de rêves » ou « dreamcatcher » auraient également été acceptées)

Vous l'aurez deviné, je ne me suis pas reconverti en sosie de Julien Lepers, mais cherchais à vous faire deviner quelles étaient l'origine et la fonction de ce drôle d'objet présent sur la pochette du premier album des Brummies (qui est paraît-il le surnom donné aux habitants de Birmingham) de JAWS. Accompagnés de leurs compatriotes de Peace et SWIM DEEP, les trois groupes forment aujourd'hui à eux-seuls le pilier du mouvement baptisé B-Town (B pour Birmingham, of course) qui s'emploie à insuffler dans leur rock & roll une douceur lo-fi aussi séduisante qu'efficace, en recherchant avant tout le plaisir de la création musicale.

Et la symbolique de l'attrapeur de rêve se veut forte à cet égard : un album qui diffuserait de bonnes ondes à son écoute, ça n'a pas de prix ! D’ailleurs, le ton employé au début de l'article était à cette fin peut-être un peu trop précipité, alors que cet album se prénomme justement Be Slowly.
Hautement influencé par The Cure, l'album s'emploie à faire voyager l'auditeur dans un univers aussi sombre que lumineux, à la fois inquiétant et apaisant, pour un résultat toujours surprenant. L’ouverture du disque se fait sur un Time qui fixe d’emblée le décor de ce voyage vers des contrées éloignées : une voix lointaine et languissante, à la reverb fortement marquée, accompagnée du son clair et tranchant de la guitare et de la batterie, le tout entrecoupé par des instrumentaux très shoeagazes. Ce schéma, véritable marque de fabrique de JAWS, se poursuivra tout au long de l’album pour trouver son point d’orgue dans des compositions comme Sunset State.

S'attaquant parfois à des sonorités plus électriques (Swim, Surround You) l'album cherche aussi à rattraper son léger manque de diversité. Car c'est en effet l'une des rares choses qu'on peut lui reprocher : au final on ne parvient pas toujours à différencier les morceaux de l'album.

Mais qu'importe, car le filtre de l'attrapeur de rêves a entièrement rempli son rôle en ne laissant passer sur le premier album de JAWS que les morceaux de qualité, qui ne peuvent insuffler à celui qui l’écoute qu’une sérénité certaine.