Maybeshewill

Nous avions laissé le quintet de Leicester en 2011 après la sortie de son troisième album, I Was Here for a Moment, Then I Was Gone, alors que le groupe avait décidé de rendre son art plus professionnel en enregistrant dans un vrai studio, mettant l'amateurisme de côté après les éloges qui avaient plu lors de leur tournée avec And So I Watch You From Afar. Ce virage leur ayant plutôt bien réussi, c'est plein d'espoir que nous retrouvons Fair Youth un peu plus de trois ans plus tard.

Aujourd'hui, Maybeshewill revoient une nouvelle fois les codes d'un post-rock en mouvement et lui apportent une dose de fraîcheur et de légèreté qui auraient été inenvisageables il y a de cela encore quelques années. En pleine mutation, le style musical souvent qualifié d'emphatique vient ici taire tous les a priori. On connaissait en effet la faculté de Maybeshewill à venir apporter une dose de bonne humeur à un genre parfois sombre et mélancolique ; c'était sans compter sur Fair Youth qui se veut d'un optimisme sans bornes.
Les matières premières à la réussite sont toujours les mêmes : l'omniprésence du piano, des guitares savamment délivrées, une batterie qui sait tantôt se faire discrète, tandis sonner le glas et surtout, quelques touches d'électro qui confèrent aux Anglais leur originalité.
L'entrée en matière ne déroge donc pas à la règle, même si la première moitié du disque peine à décoller ; les néophytes aimeront probablement l'accessibilité de cette musique instrumentale souvent sacralisée tandis que les autres regretteront au contraire un manque certain de profondeur. Il se dégage un optimisme indéniable mais celui-ci tend vers une naïveté que l'on voudrait ne pas voir s'inscrire sur la longueur. Et c'est alors qu'arrivent Sanctuary et ses guitares, puis Asiatic et ses rythmes orientalisant et dès lors, on ne fera que monter en puissance.
La batterie prend peu à peu plus d'espace et l'ambiance s'intensifie (Walking Life) sans pour autant que l'électro soit mise sur la touche, au contraire, puisqu'elle s'invite aux moments les plus inopportuns, provoquant surprise et frustration mais aussi un sentiment d'en vouloir toujours plus. Nos vœux seront exaucés lors d'un ultime condensé de six minutes trente (Volga) où se mélangent piano et batterie dans un équilibre parfait. Des chœurs viennent retentir dans un dernier effort, laissant l'auditeur quelque peu sur sa faim.

Avec Fair Youth, Maybeshewill proposent à nouveau de ces moments intenses et magiques que l'on avait déjà pu apprécier précédemment. S'il est parfois difficile de capter l'attention d'un auditeur sans chant ni paroles, eux ont a nouveau relevé le défi en proposant un album tout à la fois accessible et complexe. Cependant, on pourrait regretter l'inégalité de certains morceaux, même si les derniers titres viennent conférer à l'ensemble un avis plus que positif.