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Michael A Grammar

Michael A Grammar

Michael A Grammar - Michael A Grammar
Chronique Album
Date de sortie : 29.09.2014
Label : Melodic Records
4
Rédigé par Hugues Saby, le 25 septembre 2014
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Une intro nébuleuse, une atmosphère onirique, un éclat sonore merveilleusement compressé, un entremêlement de guitares acides et de voix traînantes... Dès son ouverture, le premier disque de Michael A Grammar coche toutes les cases d'un bon album de rock psyché. Néanmoins, à l'inverse de beaucoup d'autres groupes évoluant dans ce genre, le quatuor de Brighton (décidément) entre en matière de la plus belle des manières. C'est très bien produit et surtout particulièrement bien exécuté. Si les effets habituels prisés par la discipline (reverb, delay, chorus) sont présents, le groupe a le bon goût de n'abuser de rien. Les lignes de guitare sont simples, la composition est précise. La rythmique est fine, les voix sont mélodiques sans se perdre l'infini. Chaque chose est à sa place et rien n'est superflu (dans les limites du genre). C'est d'ailleurs ce qui donne à Michael A Grammar une tonalité rock et britpop indéniable, et fait toute la qualité du disque.

Les membres du groupe décrivent leur musique comme le résultat de trop de week-ends ensoleillés passés en intérieur à écouter de disques de Joy Division et de Radiohead. On peine à percevoir l'influence de ces deux groupes. En revanche, quelques noms viennent spontanément à l'esprit à mesure que les morceaux s'égrènent. Si le son des Anglais évoque souvent et clairement The Horrors, période Skying (en beaucoup moins électro toutefois), c'est plutôt du côté de Blur et des Stone Roses qu'il faut gratter. Le son de guitare ressemble en effet à s'y méprendre à celui utilisé par Damon & co sur Leisure et dans une moindre mesure Modern Life Is Rubbish (réécoutez She's So High ou There's Nno Other Way, c'est flagrant). À l'époque, Blur étaient dans la droite lignée de leurs prédécesseurs baggy, bien loin du tournant qu'ils allaient prendre sur Parklife, considéré par beaucoup comme l'archétype et le chef d'oeuvre du son britpop. De même, l'écho permanent qui enveloppe voix et instruments nous replonge tête la première dans le Manchester de la fin des années 80 – début des années 90, cette ville qui allait changer la musique pour toujours en inventant un énorme n'importe quoi.

Mais revenons-en à Michael A Grammar. Leur disque est un parfait condensé de cet héritage, digéré à travers les techniques d'enregistrement et les instruments modernes, faisant de Michael A Grammar un album très intéressant, et – chose rare – plutôt écoutable y compris lorsque les morceaux dépassent les six minutes. Cela est dû encore une fois à la finesse d'exécution mélodique de ses membres, mais aussi à leur capacité à ne pas s'abandonner lâchement aux facilités de l'exercice (et peut-être aussi à une consommation moins excessive de drogues que leurs aînés ?).
Malheureusement, quelques errements ont réussi à se glisser entre les plages, et le groupe cède parfois à une tentation certainement trop forte pour ses jeunes épaules. Le disque pourrait ainsi gagner en concision en évitant les longues minutes de bidouillage sonores inutiles ou les intros à rallonge. Mais après tout, c'est aussi ce qui a fait la réputation de ce genre. Et surtout, ces aventures en terre psychédélique font ressortir la dimension pop des morceaux, qui n'en ressortent que plus lumineux. Là encore, on a du mal à maintenir la même attention tout au long de l'album, ce qui est dommage au regard de la qualité de chaque titre pris indépendamment. Mais en même temps, c'est aussi le charme de cette musique, qui nous plonge dans un état réflexif second et nous enveloppe d'une agréable torpeur.

« Parce que la forme est contraignante, l'idée jaillit plus intense ». Voilà ce que disait Baudelaire à propos du sonnet. C'est un peu ce qui se passe ici avec ce premier opus de Michael A Grammar. Ce ne sont pas encore les Fleurs du Mal, mais un excellent début qui ravira les amateurs du genre et permettra aux autres d'y accéder et de l'apprécier sans trop d'effort. Alors ne boudons pas notre plaisir et laissons-nous aller à ce doux envoûtement. En espérant que pour la suite, le groupe saura s'émanciper un peu plus de ses influences pour embrasser pleinement son propre talent à composer des écrins rock et pop d'une rare luminescence. Alors, tout deviendra possible.
tracklisting
    01. Upside Down
  • 02. All Night Afloat
  • 03. Light of a Darkness
  • 04. King & Barnes
  • 05. The Day I Come Alive
  • 06. Suzanna
  • 07. Upstairs Downstairs
  • 08.The Way You Move
  • 09. Mondays
  • 10. You Make Me
  • 11. Natures Child
  • 12. Dont Wake Me
titres conseillés
    Upside Down - Upstairs Downstairs - You Make Me
notes des lecteurs