Jim Noir

Jim Noir a beau sortir des disques à intervalles réguliers (Tower Of Love en 2005, un album éponyme en 2008 et Jimmy's Show en 2012), on a toujours l'impression qu'il accouche d'un éternel premier album. Et pour cause : il n'y a jamais de véritable redite dans ses nouvelles chansons ; le Mancunien trouve toujours ce petit quelque chose de neuf et d'imaginatif pour élever ses pop-songs au rang de joyaux (pas étonnant, d'ailleurs, qu'il ait été choisi pour illustrer jadis quelques spots publicitaires certainement lucratifs...).

Ici, Alan Roberts (de son vrai nom) propose douze nouvelles chansons plutôt dans l'air du temps, qui embrassent la brit-pop dans ce qu'elle a de plus vaste. Le multi-instrumentiste n'y va pas, comme il pouvait davantage le faire auparavant, par quatre chemins pour délivrer des ambiances souvent lumineuses, aux refrains cachy (en témoigne le single The Broadway Jets, entre The Dandy Warhols et dEUS dans son époque la plus pop), et saupoudrées d'arrangements luxuriants (piano, tambourins, choeurs, violons, synthé, etc...) qui embellissent un songwriting de base lo-fi, conçues avec des guitares électriques ou acoustiques aux sons souvent rêches. Il y pose des mélodies simples mais jamais simplistes, qui caressent dans le sens du poil à l'instar du titre d'introduction, classique mais efficace, The Ancoats Dream, qui nous rappelle aux souvenirs d'Oasis.

Si Jim Noir transforme toujours un peu plus sa musique au fur et à mesure de ses expérimentations, on retrouvera tout de même dans ce disque quelques éléments clés qui ont fait sa marque de fabrique, à commencer par de nombreux clins d'oeil à ses influences premières comme les Beatles sur Honour & Moogswings et le brillant Make Me Do It Again, et plus particulièrement John Lennon sur le piano mélancolique et élégant de Stone Cold Room). Quelques ballades joliment rythmées sont aussi empruntées à T-Rex (Out From Within) tandis que se dévoilent ailleurs quelques effluves rock, comme sur le riff très led zeppelinien de Srange Range. Jim Noir n'a pas pour autant mis au placard son penchant psychédélique, qu'il cultive toujours sur Please Remember, pas loin de Fleet Foxes et des Beach Boys ou sur The Boy, proposant une étrange immersion chinoise.

Jamais débordantes d'originalité mais toujours assez accrocheuses, élégantes ou sensibles pour attirer l'attention, ses chansons délivrent aussi des paroles évoquant tour à tour l'amour (sur la folk binaire de Piece of Mind), la ville de Manchester, l'alcool, la vie, la mort, voire... les aliens ! Ce qui en dit long sur la capacité du Britannique à aller vers des sentiers sur lesquels on ne l'attend jamais vraiment.