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Paul Wolinski

Full Bleed

Paul Wolinski - Full Bleed
Chronique Album
Date de sortie : 15.12.2014
Label : Sacred Tapes
3
Rédigé par Julien Soullière, le 26 décembre 2014
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Tendez votre main à un artiste, et c'est votre bras tout entier qu'il s'en ira prendre. Difficile à rassasier, ce drôle d'énergumène n'est jamais à cours d'idées et, généralement, lorsqu'il a goûté à la nouveauté, il lui faudra l'essayer une fois encore, et plus si affinités. Ainsi, si Paul Wolinski aurait pu se satisfaire de Labyrinths, et se concentrer sur les projets par ailleurs menés par son groupe actuel, 65daysofstatic, le bonhomme a choisi de se lancer dans une seconde course en solitaire, sous son vrai nom cette fois-ci, laissant à quai le pseudonyme jadis utilisé (Polinski). Histoire de nous indiquer que, cette fois-ci plus que jamais, la musique qu'il nous livre reflète au plus précis ce qu'il est et affectionne ?

Full Bleed, c'est un « petit » LP de vingt-cinq minutes, composé de deux titres d'égale durée et possédant chacun plusieurs noms, comme pour mieux nous avertir de leur séquençage. Disons-le franchement, c'est aussi et surtout une pure coquetterie, un caprice de grosse tête qui nous renvoie l'image d'un type qui ne pouvait pas faire comme les autres, comme ça, uniquement par principe. Comparativement à Labyrinths, ce nouvel effort perd en putasserie geek (sur son premier disque, Wolinski aura, il est vrai, abusé de l'imagerie rétro héritée de l'époque Super Nes) ce qu'il gagne en trivialité pour qui connait bien les travaux de 65daysofstatic, car là aussi nous avons le droit à des ambiances douces-amères et bourrées d'envie d'ailleurs, ce qui aujourd'hui n'est plus une surprise venant des membres d'un groupe amateur d'explorations et d'étoiles, en attestent leur relecture musicale de l'oeuvre SF de Douglas Trumbull, Silent Running, et l'enregistrement de la bande originale du jeu vidéo No Man's Sky, bientôt disponible.

Dans la continuité de Wild Light (le final, solaire, de Somewhere Else, Not Here y renvoie forcément), dernière livraison de 65daysofstatic, Full Bleed joue une carte profondément cinématographique, et à l'image du maître Jon Hopkins notamment, Wolinski livre une musique sensible, dotée d'une belle force d'évocation, et qui laisse le temps aux histoires racontées de se déployer, l'auteur privilégiant pour cela la durée de ses morceaux plutôt que leur spontanéité. Véritable maître de cérémonie, le piano se fait parfois volubile, tel un cabri insaisissable, parfois plus dur, et si ce ne sont pas les orgues qui s'invitent à la fête, ce sont des bourrasques sonores tranchant allègrement avec le reste de par leur vigueur. Pour illustrer ce dernier point, on renverra notamment l'auditeur au début et au milieu du premier titre, autant de moments surprenants de férocité, et qui nous évoquent un être puni pour s'être trop approché de l'astre solaire.

Évidemment, de par la longueur des morceaux, de même que leur langueur, l'écoute au casque est hautement conseillée, si ce n'est indispensable, pour complètement se laisser happer par l'univers de Paul Wolinski, au risque sinon de trouver ça longuet, et peu percutant la majeure partie du temps. Ça tombe bien, car vous aurez sûrement envie d'une pause musicale bien méritée entre deux repas de fin d'année.
tracklisting
    01. Russian Echo / Piano Room / Black Square / Anxiety / Borrowed Time
  • 02. Somewhere Else, Not Here / Full Bleed
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