logo SOV

Zun Zun Egui

Shackles Gift

Zun Zun Egui - Shackles Gift
Chronique Album
Date de sortie : 26.01.2015
Label : Bella Union
25
Rédigé par Julien Soullière, le 16 janvier 2015
Bookmark and Share
Zun Zun Egui, c'est un peu l'Arche de Noé faite groupe. Entre Maurice et le Japon, l'écart est aussi exotique qu'immense, mais ce sont bien ces saveurs qui, une fois réunies en terres britanniques, font tout le sel de cette formation métissée originaire de Bristol, et qui rappellera à l'occasion Animal Collective. Œuvrant encore dans l'ombre, le feu trio est désormais quintet (le guitariste Stephen Kerrison a été recruté il y a presque deux ans), et c'est après avoir négocié ce virage hautement serré que les anglais nous reviennent avec leur second opus, Shackles Gift.

C'est peu dire que la musique de Zun Zun Egui a tout d'un joyeux bordel. Du moins, elle est aussi chaotique que le nom du groupe est surprenant. Micmac sonore bruitiste, frénétique et assumé comme tel, Shackles Gift est truffé de percussions desquelles s'échappent des vents d'une extrême moiteur, bourré de chœurs foutraques toujours prêts à rehausser une voix tantôt gueularde, tantôt geignarde, et garni de tous ces petits riens qui, mis bout à bout, constellent l'album d'un psychédélisme des plus flamboyants. Le dernier tiers de The Sweetest Part Of Life est à lui seul un aller simple vers les premières et plus belles heures du rock progressif.

Le successeur de Katang est donc du genre singulier, et si ce vent libertaire fait du bien, plus encore lorsqu'il souffle sa folie sur une actualité qu'on aura connue moins funeste, tous les voyants ne sont pas au vert pour autant. Plombé par la voix d'un chanteur pleinement investi, mais trop souvent borderline, de belles lourdeurs (dont quelques onomatopées par ci, par là, pas franchement ragoutantes), et quelques errements sonores dispensables, le voyage reste éreintant, boursouflé, à l'image d'une fin de disque particulièrement poussive. Ainsi, parsemé d'agréables sonorités jazzy, le fiévreux Late Bloomer ne se remettra jamais vraiment des assauts de Kushal Gaya, le chanteur et leader du groupe anglais, tandis que l'épilogue City Thunder s'écroulera purement et simplement en seconde période. Des écarts d'autant plus regrettables qu'à quelques encablures de là, on croise sans y penser un dark single redoutable (Ruby) et des pérégrinations rock et mouvantes du plus bel effet (I Want You To Know), preuve que Zun Zun Egui gagneraient à ne pas trop en faire. En l'état, le paracétamol n'est pas à exclure, gardez-en sous le coude.

Soleil sombre, Shackles Gift pourra combler les amateurs de rock hybride et qui ne souhaitent pas se perdre au milieu d'expérimentations excessives. Les autres reconnaîtront l'engagement, mais pointeront rapidement du doigt les limites de cet exercice sans réelle définition, et iront sans mal s'aventurer dans d'autres prairies, plus paisibles sans aucun doute.
tracklisting
    01. Rigid Man
  • 02. African Tree
  • 03. Ruby
  • 04. I Want You To Know
  • 05. Soul Scratch
  • 06. Tickle The Line
  • 07. The Sweetest Part Of Life
  • 08. Late Bloomer
  • 09. City Thunder
titres conseillés
    Ruby, I Want You To Know
notes des lecteurs
Du même artiste