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The Waterboys

Modern Blues

The Waterboys - Modern Blues
Chronique Album
Date de sortie : 19.01.2015
Label : Harlequin And Clown
4
Rédigé par Olivier Kalousdian, le 19 janvier 2015
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Lors de Rock en Seine, édition 2012, nous avions surpris un Jean-Paul Huchon heureux et gigotant devant le concert des quinquas de The Waterboys. Nostalgique, comme nombre des spectateurs ce soir-là des titres comme Fisherman's Blues et autres The Whole Of The Moon, le Président de la Région Ile de France et les très nombreux spectateurs ne s'étaient pas trompés en choisissant ce concert, en particulier.

Cette semaine sort leur nouvel album, Modern Blues. Mike Scott et ses nouveaux collègues (pour beaucoup) s'affichent plus inspirés que jamais, plus de trente ans après leurs débuts, un jour de 1983. Avec ce onzième opus studio, The Waterboys affichent une discographie tout à fait honorable quand on sait que le groupe a splitté en 1993 pour se reformer en 2000.
Empreint de spiritualité – Mike Scott qualifia, à l'époque, son style musical comme une métaphore pour voir la signature de Dieu dans le monde – de sonorités country, de blues, de folklore irlandais et de big music (un titre éponyme orne l'album Pagan Place), The Waterboys furent un groupe majeur des années 85/90 et des personnalités comme Bono, Jim Kerr et autres Stuart Adamson n'ont jamais caché leur respect pour le groupe de Mike Scott.

Un énième retour, pourrait-on penser ? On aurait tort... Modern Blues (en référence au Fisherman's Blues de 1988 ?) est de ces albums travaillés, méritants et qui ne déçoivent pas, au bout des neufs titres du tracklisting. À l'instar du groupe, Blue Aeroplanes – sûrement le groupe le plus mésestimé d'Angleterre à l'époque (The Brian Jonestown Massacre leur doivent beaucoup) – Mike Scott et sa bande revisitent les coulisses du blues électrique en y saupoudrant, avec l'aide de nouveaux musiciens américains, un zeste de soul du sud des USA.
Gros son, cuivres en ordre de marche et ballades héroïques, le rock immaculé des Waterboys n'a rien de digressif. Et, pourtant, il déclenche autant de plaisir à l'écoute que des groupes bien plus sauvages, que ce soit musicalement ou lyriquement. Avec un line-up de très belle facture intégrant, depuis quatre ans, l'anglais Ralph Salmins à la batterie, Mike Scott et Steve Wickham (les deux originels du groupe) se voient épaulés sur Modern Blues d'une bande de musiciens américains à faire pâlir d'envie bien des groupes : du célèbre clavier de Memphis, "Brother" Paul Brown, au légendaire bassiste David Hood (ayant officié avec la non moins légendaire Aretha Franklin) en passant par le vocaliste Don Bryant (vétéran de la scène soul et mari d'Ann Pebbles) jusqu'au non moins talentueux lead guitare texan, Zach Ernst. De quoi apporter au groupe irlando-écossais de superbes touches de soul psychédélique mélangé au folk celtique revisité, leur marque de fabrique.

De nombreux titres méritent qu'on s'attarde sur cet album : le premier de la liste, l'exaltant Destinies Entwined (un hymne pour les « disco dads »), Still A Freak ainsi qu'une très belle célébration d'un amour qui dure dans Beautiful Now. Et même si le beau The Girl Who Slept For Scotland s'aventure un peu trop près d'un Chris Rea, on pardonnera l'égarement tant Modern Blues démontre l'envie qui anime encore et toujours The Waterboys. Mentions très spéciales pour les titres I Can See Elvis, symboliquement décalé, le premier single de l'album, November Tale et le superbe final que constitue Long Strange Golden Road et son Hammond au firmament qui impose une qualité musicale et de composition rarement atteintes chez The Waterboys.

Sorti sur Harlequin And Clown, via Kobalt Label Services, Modern Blues a été enregistré à Nashville. Une décision longuement mûrie par Mike Scott qui cherchait un lieu empreint d'histoire du rock et chargé d'un héritage et d'une créativité musicale peu courants en Europe. Au même moment, Jack White ou The Black Keys traînaient également leurs guêtres dans la « ville musique » des USA ; une émulation qui ne pouvait laisser Mike Scott indifférent. À 56 ans, ce dernier est encore ce fan d'Elvis Presley, Marvin Gaye ou Charlie Parker dont les textes effleurent les carrières (sans oublier Jack Kerouac ou Sun Ra) dans cette onzième œuvre des Waterboys.
À noter qu'il y a quelques jours, le titre Let The Earth Bear Witness accompagnait un montage vidéo en hommage aux victimes des attentats du début janvier à Paris et de la marche Je Suis Charlie du 15 janvier.

Quand The Waterboys fricotent avec leurs cousins américains, cela donne un album percutant de cinquante et une minutes aux relents Springsteenien et qui passe à quelques encablures de remporter la palme de la meilleure sortie du mois de janvier 2015.
tracklisting
    01. Destinies Entwined
  • 02. November Tale
  • 03. Still A Freak
  • 04. I Can See Elvis
  • 05. The Girl Who Slept For Scotland
  • 06. Rosalind (You Married The Wrong Girl)
  • 07. Beautiful Now
  • 08. Nearest Thing To Hip
  • 09. Long Strange Golden Road
titres conseillés
    Long Strange Golden Road - I Can See Elvis - The Girl Who Slept For Scotland
notes des lecteurs