Kitty, Daisy & Lewis

De Kitty Daisy & Lewis, on se souvient de la fiévreuse reprise de Going Up The Country des Canned Heat. Une version diablement réussie qui avait montré tout le talent du trio à ressusciter le rockabilly. Depuis 2008, la fratrie Durham, qui compose Kitty Daisy & Lewis ne cesse de nous surprendre.

Il faut dire que chez eux, la musique est une histoire de famille. Multi-instrumentistes, Kitty Daisy & Lewis se mettent très tôt à enregistrer des chansons, seuls, dans leur salon reconverti en studio d'enregistrement. En 2008, un premier album éponyme voit enfin le jour. Dans une ambiance très rétro qui ne se restreint pas qu'à leurs looks, le trio anglais mêle plusieurs genres musicaux qui vont de la pop, au r'n'b, en passant par le blues, le rock, la soul, la country ou le blues. Un mélange pour le moins éclectique qui donne beaucoup de particularité à leur musique. Un peu à la manière de Nick Waterhouse de l'autre côté de l'océan, le groupe anglais redonne ses lettres de noblesse au rock des années 50's et 60's qui trouvait son souffle dans la soul, le jazz et le blues.

Trois années se sont écoulées depuis la sortie de leur deuxième album Smoking In Heaven. Leur nouvelle pépite s'intitule en toute simplicité, The Third. La pochette de l'album va plutôt bien avec ce titre à la connotation royale. Elle présente trois portraits de Kitty, Daisy et Lewis, de profil, coiffés d'une couronne, le port de tête haut et fier. Lewis Durham, seul homme parmi ses reines de sœurs, a son portrait à l'envers.
C'est dans son tout nouveau studio, installé dans un ancien restaurant indien de Camden Town, que le groupe a travaillé ce nouvel album. Petite cerise sur le gâteau, Kitty, Daisy et Lewis se sont offert le luxe d'être rejoint par Mick Jones de The Clash. Particulièrement fan de leur travail, ce dernier voulait participer au projet, en tant que producteur. Une première pour le groupe, habitué à travailler de manière autonome. La collaboration a été si fructueuse que Mick Jones a même été invité à jouer sur certains titres dont Feeling Of Wonder.

Kitty Daisy & Lewis nous ont habitués à de très bons albums, presque sans faux pas et toujours très bien produits. The Third ne déroge pas à cette règle. Le single chargé de dévoiler l'album Baby Bye Bye, est un morceau très espiègle, chanté par le frère Lewis, toujours dans un esprit rockabilly. Il faut dire que son grain de voix a quelque chose de très rétro, si bien qu'on jurerait entendre un vieux standard. Le très bon Good Looking Woman est juste parfait. La trompette, la voix, le tempo, tout est réuni pour nous transporter dans une autre époque, ce genre d'époque où il était d'usage de danser en couple. It Ain't Your Business devrait ravir aussi les amateurs de swing. Cette fois-ci, ce n'est pas la trompette qui prédomine, mais l'harmonica. Guitare et harmonica se répondent dans un jeu absolument parfait. On ne met pas bien longtemps à taper du pied frénétiquement.
Le dernier titre interprété par Lewis est Developers Desease, une sorte de vieille et douce rengaine à la guitare. C'est délicieusement typique, mais il faut reconnaître que Lewis Durham est bien meilleur dans les précédentes. D'ailleurs, The Third ne fait pas seulement dans les titres énergiques et dansants. Que serait un album rétro sans un bon slow ? Kitty Daisy & Lewis nous en proposent un, Never Get Back. Le tempo lent et saccadé, monte en intensité, puis redescend, accompagné seulement de la guitare. Voilà un titre qui fait presque preuve de sensualité. On retrouve aussi un léger accent de country, avec Whiskey. Le groupe a voulu que The Third soit un album de chansons de fêtes, qui donne le sourire et invite chacun à venir fouler la piste de danse, accompagné de son voisin. Turkish Delight- qui est surement le morceau le moins percutant- présente ces caractéristiques. Malheureusement, le résultat est étrange, certainement à cause des instruments présents en trop grand nombre. L'oreille est perdue et déboussolée. Ce sera le seul bémol de leur album.

Kitty Daisy & Lewis sont décidément bien particuliers. Ils réussissent une fois encore à nous faire apprécier le boggie woogie à l'heure ou la musique électronique est au sommet. The Third est un excellent album auquel nous aurions bien tort d'échapper.