logo SOV

We Are Bodies

We Are Bodies

We Are Bodies - We Are Bodies
Chronique Album
Date de sortie : 23.03.2015
Label : Queen Bee Music
2
Rédigé par Julien Soullière, le 13 mars 2015
Bookmark and Share
Il faut croire que la musique n'a rien d'une science exacte, et se redire une fois encore que les miracles se produisent peu. Car en mettant sur le même bateau deux artistes aussi talentueux que Dave Pen (Archive, BirdPen) et Robin Foster, on pouvait s'attendre à ce que la felouque roule sur l'eau. Mais non, un et un ne font pas toujours trois. Pire, c'est parfois péniblement qu'on arrive à deux. Alors, il y a les promesses couchées sur papier, l'alléchante collaboration qui cimente un projet, et puis celles qui nous sont faites en chanson. Le souci avec We Are Bodies, c'est donc qu'il n'en tient aucune.

Comme dans la plupart des contes, le scénario s'amorce sans saveur particulière, mais sous un ciel des plus dégagés. Adossé à une six-cordes franchement bien montée, Pressure Compressor joue avec aisance la carte du titre pop-rock FM, tout serti qu'il est de vocalises chétives et de mots scandés en boucle au milieu d'un barouf électronique à vous faire perdre la notion du temps. Si We Are Bodies et Capsize se contentent de suivre, à peu de chose près, le même schéma, ici aussi, le stratagème fonctionne, et comme le gospel U2-esque Calling Out est lui aussi troussé avec métier, on se dit que si la suite se montre du même acabit, ce qui ne sera pas un des albums de l'année n'en restera pas moins un disque plaisant à l'écoute.

Et oui, sympathique, We Are Bodies l'est. Oui, c'est une copie qu'on pourra qualifier d'honnête, un objet en toute franchise bien produit, mais des comme lui, il y en a beaucoup, et de plus en plus. Le mieux est l'ennemi du bien, certes, mais au vu de la concurrence actuelle, le bien ne suffit malheureusement plus. L'équation n'est pas aisée à résoudre, certes, mais elle l'a pourtant déjà été. L'embêtant avec ce premier disque, c'est qu'à l'image du timbre de voix de son chanteur, il ne dégage aucune grâce particulière, il ne présente aucun élément différenciateur, il ne fait rien naître de neuf à partir de ses multiples influences qui vont d'Archive (l'aérien Fake Shelter reste une belle mise sous tension), à U2 (diabétiques, attention à la guimauve Guide Me Home), en passant éventuellement par Muse quand Pen décide de minauder entre deux gros riffs de guitare sur une War ultra-poussive.
Et au-delà de sorties de pistes véritables, à l'instar d'un interlude comme toujours dispensable et un Knife qui, dépourvu d'ailes, ne s'envolera finalement jamais, le duo va même jusqu'à rater sa conclusion : Replicants commençait pourtant bien, sorte de rêve mis en musique et mené par la voix embrumée de Dave Pen, mais le chemin emprunté à mi-course conduira malheureusement l'auditeur vers un fracas alourdissant d'effets et de voix.

Quel objectif se fixaient Dave Pen et Robin Foster avec ce nouveau projet musical ? C'est une chose qui leur appartient, mais ce qui semble acquis, c'est qu'avec ce premier disque éponyme, écartelé entre des aspirations aussi rock que basiques et des envies évidentes de sophistication, les anglais n'ont signé là qu'un projet anecdotique, un disque rassurant parce qu'on a l'impression de déjà le connaître. Chacun son avis, mais reconnaissons tout de même que la foisonnante scène britannique nous fait de temps à autres des propositions autrement plus stimulantes que celle là.
tracklisting
    01. Pressure Compressor
  • 02. We Are Bodies
  • 03. Calling Out
  • 04. Capsize
  • 05. Shadows
  • 06. A Light On
  • 07. Under The Sea
  • 08. Guide Me Home
  • 09. War
  • 10. Knife
  • 11. Fake Shelter
  • 12. Replicants
titres conseillés
    Calling Out, Fake Shelter
notes des lecteurs