The Cribs

Deux ans après la sortie de leur Best Of Payola, The Cribs sont de retour cette année avec un tout nouvel opus. Alors que les précédents savaient naviguer entre hymnes pop, pur rock'n'roll et vagues punk, For All My Sisters s'enlise entièrement dans la pop. Ou pas ?

Difficile a priori d'apprécier For All My Sisters. Succédant au varié et fort réussi In The Belly Of The Brazen Bull, ce sixième album studio peut, aux premières écoutes, laisser suspicieux. Sans paraître mauvais, For All My Sisters simplement ne crée pas ce déclic que l'on a pu avoir avec The New Fellas ou encore Men's Needs, Women's Needs, Whatever.
La raison est toute simple : For All My Sisters semble résonner comme n'importe quel autre disque de The Cribs. Est-ce la voix si familière, et pourtant si unique, de Ryan Jarman ? Est-ce le son de guitare, crade mais pointilleux, qui les suit depuis leurs débuts ? Sont-ce les mélodies qui plus que jamais retournent aux sources de la musique du groupe ? C'est à la fois l'ensemble et rien de tout ça.

Quiconque suit la fratrie anglaise depuis son premier album éponyme paru en 2004 a pu observer le parcours réalisé ces dix dernières années. En se repassant leur discographie, The Cribs semblent clairement avoir du mal à se renouveler. Chaque nouvel opus sonne comme le précédent sans pour autant lui ressembler. Probablement parce qu'ils ont su trouver leur style dès leurs débuts, contrairement à de nombreuses formations qui débutent sans éclat, ne pouvant dès lors que progresser par la suite.
Dès The Cribs, et s'affirmant davantage encore sur le culte The New Fellas, les frères Jarman ont posé les bases, solides et propres à eux-mêmes, sans jamais s'en séparer. For All My Sisters n'est pas l'aboutissement de leur carrière, ni l'album de la maturité, ni un tournant majeur dans leur discographie. For All My Sisters, après plusieurs écoutes, est purement et simplement un très bon disque de The Cribs.

Ainsi, derrière la façade pop familière qui masque la structure, ce sixième opus révèle progressivement ses atouts, et ce dès les premiers accords de Finally Free. D'apparence pop, le titre arbore finalement un arrangement rock dévastateur tandis que le chant de Ryan se démarque sensiblement des précédents compositions du groupe en passant dans les aigus sur son refrain quelque peu schizophrène.
Alors que Different Angles apparaît ensuite comme un instant classic de The Cribs, que l'on croirait avoir déjà entendu et adoré sur chacun de leurs albums, Burning For No One propose, lui, une direction relativement différente. Le premier single de For All My Sisters offre en effet un tempo plus posé et une tonalité plus sombre, tout en s'appuyant sur des arrangements toujours aussi rock et inébranlables.



Et clairement, du rock, on en retrouve tout au long du disque. Entre riffs virulents (City Storms, Summer Of Chances, Spring On Broadway) et solos ravageurs (Mr. Wong, An Ivory Hand, City Storms), le groupe ne lésine pas sur l'énergie brute qui ne cesse de se dégager de cet album, même lorsqu'il est dissimulé derrière des allures pop décomplexée.
Les hymnes pop fédérateurs ainsi se succèdent (Pacific Time, Mr. Wong, Diamond Girl) et les – relatifs – moments d'accalmie permettent des pauses bienvenues au sein de ce délicieux capharnaüm (la psych rock hantée de Simple Story, le rollercoaster émotionnel Pink Snow).

Au final, ni mauvaise ni bonne surprise du côté de notre trio britannique : For All My Sisters n'est pas Ignore The Ignorant, petite faute de parcours dans la discographie de The Cribs ; pour autant, il n'est pas non plus leur album suprême – y en aura-t-il un un jour ou sont-ils uniquement à chaque fois voués à sortir un très bon album ?. For All My Sisters est juste l'album de The Cribs que l'on attendait, encore pas complètement dompté et pourtant déjà si familier, et cela suffit amplement.