Spector

Transportés par l'excellente et envoûtante Never Fade Away, qui marquait l'amorce de leur incroyable percée médiatique, les Spector sont depuis passés par diverses émotions plus ou moins chaleureuses. Et plutôt moins si l'on s'en tient à la plus marquante, à savoir, le départ de Christopher Burman. C'est au milieu de sa tournée que le groupe annonçait sur sa page Facebook que le guitariste, parfois derrière les claviers, ne continuerait pas l'aventure.
Malgré cela, trois ans après leur premier album, le désormais quatuor a décidé de relever la tête avec un second exercice studio intitulé Moth Boys.

S'il était déjà difficile de situer Spector sur l'échiquier musical, cet album continue de brouiller les pistes autant qu'il mélange les genres. Richesse supplémentaire ou égarement fatal ? Les londoniens s'engouffrent dans la première option. Capable de produire du rock pas très exigeant façon Vaccines avec Stay High et ses guitares hachées, le groupe impressionne toujours autant lorsque la mélancolie reprend ses droits.



Deux exemples sont probants sur ce point : le single All The Sad Young Men et le titre West End. Des titres sur lesquels on constate sereinement que la voix de stentor de Fred Macpherson n'a pas pris une ride. L'impression est donc la même que sur le premier album, le chanteur porte toujours autant le flambeau du groupe. Un constat particulièrement notoire sur West End, même si l'intervention des synthétiseurs aux sonorités années 90 viennent enrichir le paysage musical déjà bien complet de la bande.

Passés maîtres en matière d'arrangements électrisants et frénétiques, c'est avec une certaine logique que ce nouvel outillage atteint son paroxysme à la toute fin de l'album. La surprenante mais non moins excellente Lately It's You conclut en effet l'album sur une note singulière. Voix grave et caverneuse, claviers et beat frénétique, en sont les instruments majeurs. L'assemblage est d'une harmonie sans précédent sur l'album. Les couches sonores se superposent à la perfection : techno, électronique pure ou même choeurs robotiques s'enchaînent sans dissonances.

Force est de constater que malgré quelques titres en dessous de la moyenne - élevée - de l'album, la magie opère toujours avec Spector. Le groupe s'est enfin adjugé une maturité étonnante bien qu'encore inégale. Les quelques titres phares de cet album permettent cependant de classer cet album parmi le très bon cru de cette année 2015.