Chad Valley

Exit les featurings sur Entirely New Blue, second disque de Chad Valley, AKA Hugo Manuel, chanteur de Jonquil. Alors que Young Hunger foisonnait d'artistes en tous genres, de Twin Shadow à Active Child en passant par Glasser et El Pero Del Mar, Entirely New Blue se livre lui en toute sobriété, sur neuf plages d'une pop synthétique bien ficelée.

Suivant les traces d'un Jamie XX, Chad Valley explore donc la dreampop tout en conservant les empreintes eighties trop présentes sur Young Hunger, ici plus soft et éparses. Bien moins indigeste que son prédécesseur, Entirely New Blue n'hésite pas à flirter avec une electro plus minimaliste, à l'instar de la douce introduction de Seventeen ou encore la somptueuse Labasa et ses voix féminines cristallines.
Toujours pas lassé du vocoder, Hugo Manuel en fait usage néanmoins cette fois avec parcimonie et à bon escient, comme sur Seventeen ainsi que les courts morceaux d'introduction et de conclusion, contrairement à Young Hunger sur lequel il l'utilisait jusqu'à l'écœurement.

L'album est rempli de tubes pop en puissance, à commencer par True, composition dansante à forte composante mélancolique qui reste longuement en tête. Il en sera ainsi sur la plupart des titres de Entirely New Blue, à l'image de Arms Away et ses beats aliens, suivi de Moon Under Water qui mêle handclaps entraînants et son refrain le plus crève-cœur à ce jour, emmené par la voix de l'artiste qui ne s'est jamais faite aussi pure et vibrante.
Not That Man et ses couplets aux accents presque funk continue de faire bouger avant que Seventeen ne vienne quelque peu calmer le jeu. Les deux plages de fin s'avèrent quant à elles plus anecdotiques, notamment Good Brains qui, malgré sa bonne volonté, s'avère assez peu inspirée. Alisa, tout comme Understand, est intéressante mais n'a pas l'ambition ni l'aura d'un Labasa ou Not That Man.

Alors que Young Hunger et le troisième disque de son groupe Jonquil s'embourbaient dans une dreampop déjà défraichie maintes fois ces dernières décennies, Entirely New Blue se veut, lui, un opus personnel et intime, bien plus réussi et séduisant que ce que l'anglais a pu créer récemment. Une belle surprise pour un projet, et in extenso pour Jonquil, qui espérons-le poursuivront sur cette voie !