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Trust Fund

Seems Unfair

Trust Fund - Seems Unfair
Chronique Album
Date de sortie : 30.10.2015
Label : Turnstile/Caroline International
4
Rédigé par Xavier Turlot, le 17 novembre 2015
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On ne risque pas d'oublier Trust Fund au milieu du flot incessant des nouveautés musicales : c'est déjà un deuxième album qu'il nous livre en moins d'un an. Sa frénésie créatrice a trouvé écho dans une production ultra spontanée qui rend le travail plus rapide à abattre. Seems Unfair s'inscrit bien dans la continuité de No One's Coming For Us mais dans une veine plus musclée. Le jeune musicien de Bristol signé chez Turnstile puise toujours avec la même énergie dans la power pop des années 1990, toutes guitares dehors. Les mélodies sont toujours aussi fraîches et naturelles, avec ce soupçon de dissonance qui vient parfois les terminer pour nous berner.

L'esthétique générale est à nouveau ostensiblement naïve et honnête, directe, malgré un enregistrement cette fois plus professionnel. La voix en falsetto d'Ellis Jones, accompagnée d'un discret renfort féminin, s'appuie toujours sur de grosses guitares aux distorsions copieuses. Le brillant single Football est un fidèle concentré des recettes de l'Anglais : énorme refrain accrocheur, breaks posés et courts solos mélodiques. Avec toujours ce soupçon de maladresse volontaire qui vient rendre l'ensemble bancal. Les sujets abordés au long de l'album sont à la fois terre à terre et fondamentaux : intégration dans une équipe de sport, évolution des relations avec les amis d'enfances, sentiments divers engendrés par des petits événements quotidiens...

La chanson éponyme prend la forme d'une ballade vaguement noise pop sans artifices, avec une partie vocale qui début à la limite du chuchotement, pour ensuite déboucher sur une grosse décharge de guitares. Les enchevêtrements de voix oscillent entre joie, tristesse et nostalgie sans qu'on puisse identifier les causes de ces divagations. Ailleurs, de nombreux éléments rappellent le grunge, avec ce côté brut et très peu arrangé qu'on retrouve dans la plupart des chansons, où le parti est pris de conserver les feedbacks et diverses autres perturbations dans le son. La production opérée par un membre de Hookworms n'est pas étrangère à ce rendu rugueux mal dégrossi. Le single Dreams tient également son rôle à la perfection, à la fois lourd et percussif, servi par un clip très DIY (concept auquel Ellis Jones serait en train de consacrer une thèse). Le brouillage géographique des pistes est aussi forcé que sur le premier opus ; à l'instar de Menace Beach il est dur de pouvoir imaginer écouter un groupe anglais. Le chanteur de Bristol ne se prive d'ailleurs pas de mentionner Weezer, Elliott Smith ou Waxahatchee parmi ses principales influences.

Trust Fund dispose d'une base de fans encore très modeste, mais cette surproductivité précoce laisse présager le meilleur. Même si ce n'est qu'au sein d'un cercle confidentiel de mélomanes, ce groupe a toutes les chances de devenir sous peu une référence, un peu comme Ty Segall en Californie ou The Wave Pictures, qui partagent sa boulimie créatrice. C'est le luxe de ce style brut de décoffrage, les enregistrements ne demandent pas à être arrangés et mixés pendant des années de tergiversations, et les artistes qui l'ont élu peuvent se permettre de rester dans une forme d'urgence. Il est à peu près certain que nous entendrons parler de Trust Fund en 2016 et c'est tant mieux.
tracklisting
    01. Michael's Plan
  • 02. Football
  • 03. 4th August
  • 04. Mother's Day
  • 05. Seems Unfair
  • 06. Dreams
  • 07. Dreamers
  • 08. Scared II
  • 09. Big Asda
  • 10. Can You Believe
titres conseillés
    Football, 4th August, Dreams
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