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Warm Brains

Big Wow

Warm Brains - Big Wow
Chronique Album
Date de sortie : 06.11.2015
Label : Milk Milk Lemonade Records
2
Rédigé par Hugues Saby, le 21 novembre 2015
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Parfois, toutes les conditions sont réunies : le jaune d'œuf et la moutarde sont à température ambiante, on rajoute de l'huile petit à petit, on fouette vigoureusement. Et pourtant, rien n'y fait : la mayonnaise ne prend pas. Il y a des jours comme ça. C'était donc un jour sans pour notre ami Rory Atwell, lorsqu'il enregistra Big Wow, deuxième album de son « groupe » (en réalité de lui et des musiciens qui jouent ce qu'il a écrit, composé et parfois joué). À moins qu'il n'ait oublié un ingrédient en cours de route — la simplicité peut-être — ; ou alors aura-t-il trop forcé la dose sur d'autres — la disto, l'écho, le fuzz, le psychédélisme, beaucoup d'autres choses —. Quoi qu'il en soit, rien à faire : ça ne prend pas.

Mais à bien y réfléchir, c'est sans doute que la recette est un peu lourde à digérer. Pris séparément, chaque morceau a un réel intérêt. La composition a oublié d'être bête, le chant, souvent déclamatif du moins peu porté sur la mélodie, avec un accent à couper au couteau, apporte une jolie patine. La plupart du temps, ça joue, ça groove. Mais tout cela est décidément trop compliqué.
Warm Brains s'empoisonne la vie (et un peu la nôtre avec) et se perd dans ses propres labyrinthes de riffs trop alambiqués, ses dédales de réverb et autres structures tarabiscotées. Finalement, ce disque est à l'image de sa pochette, et plus globalement de l'univers visuel du groupe, qui a tendance à éclabousser. Des frites, de la moutarde, un œuf au plat... Au moins ça donne faim, mais quand même : WTF ? La page Facebook est au diapason : des hard rockeurs tout nus, Rory Atwell tenant un poisson, des petits pois, des bouteilles d'alcool... Bref, on n'y comprend rien, il y en a de partout, et c'est tout de même assez moche. Eh bien voilà un bon aperçu de Big Wow. Entre britpop planante, psychédélisme seventies et rock percutant ; quelque part à mi-chemin entre Baxter Dury et Mac Demarco, Warm Brains nous offre un joyeux bordel sonore, pas désagréable, mais qui finit, après quatorze morceaux, par vous mettre un mal de tronche carabiné.

Surtout, à force de partir dans tous les sens, on ne sait pas bien ce que cet album essaie de nous dire. Tout ça manque de profondeur et d'intensité. À force de décorer son intérieur, le groupe oublie d'y mettre son cœur, ses tripes, et, partant, de nous donner ce que tout un chacun cherche désespérément à chaque nouvelle musique écoutée : un grand frisson le long de la colonne, un uppercut à l'estomac, je ne sais pas moi, mais quelque chose qui nous touche, nous frappe, nous parle, nous émeuve. Rien ici, si ce n'est une succession de titres bien écrits, bien joués, et bien répétitifs. Pour le supplément d'âme, il faudra repasser. Au milieu de cette spirale enfumée, un éclair toutefois : Bewildered. Presque un single, avec presque un refrain. Mais plus important : un riff de guitare qui nous électrise, nous tire de notre hypnotique et nauséeux encensoir, et nous prouve qu'il y a plus qu'une façade à ce drôle d'édifice rococo. S'il n'y a qu'un seul titre à retenir, c'est bien celui-ci. Le son de guitare rappelle Police Car de Larry Wallis, et c'est bon.

Dommage qu'il y en ait treize autres beaucoup moins dignes d'intérêt.
tracklisting
    01. Languid Tarmac
  • 02. White Monitor Screens
  • 03. Bewildered
  • 04. Happy Accidents
  • 05. Brain Inside A Jar
  • 06. Another Queue At The Coinstar
  • 07. (Live From A Campsite In Aotearoa)
  • 08. I Pedal Faster
  • 09. Know That I'm Boring
  • 10. Braising In The Sun
  • 11. Pink Blackpool Rock
  • 12. The Islandman
  • 13. Bricks & Mortar
  • 14. (We Always Quake At Plans Of Nigel)
titres conseillés
    Languid Tarmac, Bewildered, Now That I'm Boring
notes des lecteurs
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