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Coldplay

A Head Full Of Dreams

Coldplay - A Head Full Of Dreams
Chronique Album
Date de sortie : 04.12.2015
Label : Parlophone
1
Rédigé par Cassandre Gouillaud, le 5 décembre 2015
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A défaut de pouvoir encore nourrir le rêve d'un avenir radieux pour le quatuor anglais, il y avait, encore, de temps en temps, matière à entrevoir la possibilité d'un retour à peu près gagnant – du moins, chez les plus optimistes. En vain. Peut-être que nous en sommes arrivés au point où toute la bonne volonté du monde ne suffit même plus à considérer A Head Full Of Dreams comme autre chose qu'un plat parfaitement indigeste de bout en bout, qui n'a rien du rock, plus grand-chose d'une bonne pop. Et ce n'est même pas faute de ne pas avoir tenté de le sauver.

L'artwork coloré, doté d'une palette de couleurs faisant écho à celui de Mylo Xyloto, comme les déclarations du groupe, ne pouvaient pas nous tromper. Après cet interlude qu'avait constitué Ghost Stories, émanation directe de la rupture entre Gwyneth Paltrow et Chris Martin, Coldplay se destine à nouveau à une pop légère et dansante. Quiconque a le souvenir d'une certaine collaboration avec Avicii, monstre sacro-saint de l'EDM de l'année passée, pouvait légitimement commencer à frémir.
Pourtant, rien ne nous avait préparés à un résultat si amer. A Head Full Of Dreams, chargée d'ouvrir cet album, parvient à elle-seule à semer un malaise qui pointe directement au sommet des plus grandes incompréhensions musicales de l'année. En ligne de mire, un tempo étrangement désaccordé qui ne fait même plus l'effort de se revendiquer accrocheur, un mixage qui assassine tout le relief instrumental qu'on se garde encore le droit d'attendre d'un quatuor. On distingue tout juste de cette mêlée un Chris Martin sans prouesses vocales, une ligne de guitare simpliste, et encore, toujours, des chœurs qui ne rateront jamais une occasion de s'immiscer au détour d'un break. Tout cela donnant lieu à une soupe sans nom, plus très digne d'un Coldplay que l'on aura connu sous de bien meilleurs auspices. Un début absolument remarquable, en somme.

Un triste constat domine la totalité de l'album – chaque morceau est résolument vide. Vide d'inspiration, d'une quelconque cohérence, et de toute ambition. Si bien que même qualifier cet album de « virage pop » n'est plus approprié pour quiconque réalise encore que la pop n'est pas qu'un terme ayant recouvert une vague connotation péjorative. Tout au mieux, la veine R'n'B de Hymn For The Weekend, fameuse collaboration du groupe avec Beyoncé, pourra se revendiquer assez entraînante, à défaut de voir Chris Martin se défaire de ces paroles mielleuses dont il détient jalousement le secret « You know you make my world light up / When I was down / When I was hurt ». Everglow, construite autour d'un piano/voix aux tendances mélodramatiques, plus proche des standards du groupe, sonne comme une brève accalmie dans la tempête. Pas forcément plus inspirée, toujours moins artificielle que le reste de l'effort.
Il devient bien difficile de prendre le chanteur du groupe au mot lorsqu'il affirme, de façon totalement sérieuse, qu'il faut envisager chaque album comme le dernier et toujours mettre du cœur à l'ouvrage. Il n'y a aucune trace de sincérité dans A Head Full Of Dreams. Aucun sentiment qui n'aurait pas été usé jusqu'à la corde et qui puisse encore transparaître au-delà d'un pathos qui n'a jamais été aussi extrême et factice. Quelle que soit la voie étrange dans laquelle Coldplay se sont engagés, il devient bien épuisant de chercher sous les décombres une quelconque défense. Fun, contrairement à ce que son titre pourrait suggérer, semble interminable et fade. Quant à Amazing Day, armée de sa distorsion vocale et de ses samples agaçants, elle culmine au sommet du faire-semblant et du manque évident de charisme qui est l'apanage de ces morceaux surproduits.

Rassurez-vous, ou non, Coldplay rempliront les stades, et ils le feront bien. Il y a fort à parier que des morceaux tels que Up&Up feront des merveilles dans un Stade de France complet, comme tous les hymnes option chœurs fédérateurs que le groupe connaît si bien. Mais A Head Full Of Dreams, voulant être dansant et plein de vie, ne devient rien d'autre qu'une parodie très peu flatteuse de lui-même.
tracklisting
    01. A Head Full Of Dreams
  • 02. Birds
  • 03. Hymn For The Weekend
  • 04. Everglow
  • 05. Adventure Of A Lifetime
  • 06. Fun
  • 07. Kaleidoscope
  • 08. Army Of One
  • 09. Amazing Day
  • 10. Colour Spectrum
  • 11. Up&Up
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    Up&Up
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