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Turin Brakes

Lost Property

Turin Brakes - Lost Property
Chronique Album
Date de sortie : 29.01.2016
Label : Cooking Vinyl
4
Rédigé par Louise Beliaeff, le 5 janvier 2016
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En 2013, Turin Brakes sortait We Were Here : album éclatant d'intensité et de simplicité. On est toujours là en 2016, pour le 7ème disque du duo de Belham. Dans la continuité de leur collaboration avec le label Cooking Vinyl, Olly Knights et Gale Paridjanian ont choisi le fameux studio Rockfield de leur contrée chérie pour enregistrer onze morceaux aussi riches que les précédents, sinon plus lumineux et grandioses.

Cette voix. Entre Asaf Avidan, Janis Joplin et Thomas Mars. Quelque chose d'un peu nasillard, d'androgyne, de fragile, de chaud. Olly Knights passe du murmure au cri déchirant, sans brutalité, comme si tout coulait paisiblement. A l'image de ce flot vocal, l'album ondule entre des ballades acoustiques qui n'ont rien perdu de leur douceur et de leur sensualité depuis The Optimist LP, des sons pop rythmés et d'autres, plus expérimentaux dont on se délecte. Le tout parfaitement harmonisé à la faveur d'une orchestration impeccable. On le doit en partie aux musicos qui accompagnent le duo depuis leurs débuts dont le fameux Rob Allum à la batterie, « Little » Phil Martens aux claviers et Eddy Myers à la basse.

Il y a le Turin Brakes léger, qui charme par sa simplicité : beat efficace à la batterie, caisse claire profonde, guitare en finger-pincking, voix douce qui lie le couplet et le refrain d'un même souffle. Cela fonctionne à merveille pour les deux premiers titres de l'album : 96 et Keep Me Around, ainsi que pour les ballades The Quiet Ones, Lost Property et Martini. En revanche, la recette ne marche pas à tous les coups et certains titres plus fades rappellent leur 4ème opus Dark On Fire, le temps où Turin Brakes sonnaient un peu trop bandes-sons de séries américaines pour ados. Rome, Save You et Jump Start ne marquent pas.

Quand elle n'est pas acoustique, la guitare électrise l'oreille. Fort de sa maturité, le groupe déploie sa créativité pour nous surprendre. Hope We Make It illustre à la perfection les délires un peu braques des deux anglais. Le morceau débute par une intro expérimentale aboutissant au thème à la guitare, qui n'est pas sans rappeler The Bends de Radiohead. S'installe ensuite un groove folk rock ponctué par-ci par-là d'une guitare slide à l'effet planant. Dans la même veine, Brighter Than the Dark détonne de leur pop acoustique dont on a l'habitude. Entre éclats lumineux, silence, et passages nébuleux où la voix se pose sur un fil accompagnée d'une guitare sourde, le groupe cultive les contrastes de textures sonores. La fin du morceau achève de le classer comme coup de cœur de l'album : tous les instruments y compris les violons et les violoncelles, s'entremêlent pour offrir un dernier coup d'éclat sur une mesure à sept temps.

Pour finir en beauté, rien de tel qu'un titre apothéotique, au carrefour entre Radiohead, Jeff Buckley, et les Pink Floyd. Black Rabbit pourrait être perçu comme une marche vers la lumière, un peu comme son pendant des sixties, White Rabbit (Jefferson Airplane). Depuis la douceur du début lunaire basé sur des accords de septièmes étrangement séduisants, tout converge vers l'acmé, une fin magistrale où le guitariste s'affaire en haut du manche, où les violons s'affolent dans les aigus, où la batterie martèle le temps avec lourdeur et solennité. Ils touchent le ciel là, les deux anglais. Le septième.
tracklisting
    01. 96
  • 02. Keep Me Around
  • 03. The Quiet Ones
  • 04. Lost Property
  • 05. Rome
  • 06. Brighter Than The Dark
  • 07. Save You
  • 08. Martini
  • 09. Jump Start
  • 10. Hope We Make It
  • 11. Black Rabbit
titres conseillés
    Hope We Make It, Black Rabbit, 96
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