logo SOV

MONEY

Suicide Songs

MONEY - Suicide Songs
Chronique Album
Date de sortie : 29.01.2016
Label : Bella Union
45
Rédigé par Emmanuel Stranadica, le 25 janvier 2016
Bookmark and Share
Cela fait un peu plus de deux ans maintenant que le sublime premier essai de MONEY, The Shadow Of Heaven, est sorti. Les Mancuniens nous reviennent aujourd'hui avec un nouveau disque au titre pour le moins inquiétant : Suicide Songs. Quand on connaît l'univers sombre et profondément triste du premier album, on a en effet de bonnes raisons de s'alarmer. Et ce n'est pas la pochette du disque, qui voit Jamie Lee, chanteur de la formation, la pointe d'un couteau posé entre ses yeux fermés, qui va pouvoir nous rassurer.

C'est pourtant avec une mélodie pour le moins ensoleillée, voire apaisée, que débute l'album. Le très ironiquement intitulé I Am The Lord nous entraine dans une ambiance chaude et un tant soit peu orientale. La chanson longue de six minutes, à l'intro joliment envoutante, peut rappeler la grande époque de The Verve, groupe défunt provenant également de Manchester. Le sarcasme de MONEY est ici très évident. Alors que le groupe dénonçait ouvertement les actions de Dieu dans The Cruelty Of Godliness, voire même sa mort dans So Long (God Is Dead) sur le premier opus, le groupe va maintenant jusqu'à prétendre être le seigneur. Rien que ça ! Il est évident que les quatre jeunes anglais ne font pas comme tout le monde et ne respectent rien. Mais il y a tant de dérision derrière tout ça. Intituler un album Suicide Songs, le sortir en plein hiver, même si les saisons ne sont plus ce qu'elles étaient, et de surcroit avec une telle pochette, est stratégiquement parfait. Mais ce qui est encore plus fort c'est de désorienter l'auditeur avec un disque au final loin d'être une promenade musicale déprimante.

Cette tragédie affichée, évidente et réelle, n'est donc pas celle qu'on pourrait s'imaginer. Car si les textes de Suicide Songs s'avèrent sombres et mélancoliques, l'album est musicalement beaucoup plus lumineux que son prédécesseur. On ne retrouve ni la pesante mélancolie de Goodnight London, ni celle du génialement désespérant Black au cours de la quarantaine de minutes du disque. Les compositions se font ici plus accessibles. Le single I'll Be The Night, magique avec ses chordes somptueuses, s'apparente à une parfaite désillusion pour Jamie Lee quant à l'impossibilité de tenir un deal conclu alors qu'il était enfant. Une fois encore le contraste est saisissant entre la mélodie et les textes de la chanson.
Il n'y aura finalement que l'épique et final A Cocaine Christmas And An Alcoholic's New Year pour nous replonger un tant soit peu dans l'ambiance sonore de The Shadow Of Heaven. L'intimiste et prodigieuse conclusion de Suicide Songs, telle une piqure de rappel, démontre que tout est loin d'être aussi arrêté qu'on peut l'imaginer dans l'univers de MONEY, même si la flamboyance de I'm Not There, que Richard Ashcroft n'aurait une fois encore pas reniée, la montée de huit minutes de Night Came et la légèreté de All My Life pourraient nous faire imaginer le contraire.

Moins surprenant musicalement que The Shadow Of Heaven, Suicide Songs n'en démontre pas moins la fulgurante progression musicale des Mancuniens. Si l'album est consacré aux désillusions de la vie et au suicide qui peut en découler, MONEY n'a jamais essayé de se répéter musicalement, ni de reprendre à son compte l'appartenance à une quelconque mouvance de Manchester, tout au long des neuf compositions qui illustrent leurs propos. Suicide Songs marque les esprits par la puissance de ses propos et la beauté de ses compositions. Comme disaient déjà si bien les Smiths en 1986 : Money changes everything.
tracklisting
    01. I Am The Lord
  • 02. I'm Not There
  • 03. You Look Like A Sad Painting On Both Sides Of The Sky
  • 04. Night Came
  • 05. Suicide Song
  • 06. Hopeless World
  • 07. I'll Be The Night
  • 08. All My Life
  • 09. A Cocaine Christmas And An Alcoholic's New Year
titres conseillés
    Night Came - I Am The Lord - I'll Be The Night - I'm Not There
notes des lecteurs
Du même artiste