Mogwai

On les attendait (espérait ?) avec un second chapitre de la bande son des Revenants, mais il n'en sera finalement rien. Pourtant c'est bien avec une nouvelle bande originale que les écossais nous reviennent : celle du documentaire Atomic : Living In Dread And Promise réalisé par Mark Cousins relatant l'histoire de la bombe atomique frappant Hiroshima ainsi que son héritage. Devant un tel sujet, Mogwai paraissait en effet être la parfaite référence pour illustrer musicalement de terribles images qui ont marqué à tout jamais l'humanité.

C'est avec le somptueux Ether que leur bande son débute. L'entrée en matière se fait délicate et majestueuse. Le minimalisme d'un clavecin sur lequel cuivres, piano et batterie viennent se confronter avant qu'au dernier tiers du morceau la guitare ne reprenne ses droits permettant d'identifier instantanément la marque des habitants de Glasgow. Au même titre que pour Les Revenants, où la musique du quintet apportait une couche d'adrénaline supplémentaire à l'atmosphère déjà bien pesante de la série, les compositions figurant sur Atomic ont vocation à renforcer la gravité présentée par les images du documentaire. Résolument étouffant à l'aide de ses boucles électroniques répétitives, Scram se fait bien plus grave que la plage de démarrage du disque, mais ce n'est rien face au glacial Bitterness Centrifuge et ses nappes synthétiques. Cela faisait d'ailleurs bien longtemps que nous n'avions pas entendus les écossais nous refroidir de la sorte.

Il est indéniable que leur précédent album, Rave Tapes, a constitué un tournant musical important dans la carrière du groupe. Même si l'intérêt pour l'électronique ne constituait pas une nouveauté pour la bande de Stuart Braithwaite, le son de ce disque a visiblement laissé beaucoup de traces. U-235 ou Weak Force en sont deux parfaites illustrations. Mais, et on le savait déjà, l'univers de Mogwai, c'est bien plus que cela. Si leur son a évolué voire muté au cours de ces dernières années, il reste des traces musicales indélébiles. Tel un tatouage celles-ci font partie intégrante du groupe. Le joliment progressif Little Boy nous replonge ainsi dans les eaux tourmentées où le groupe nage depuis déjà des lustres. Are You A Dancer donne, lui, une place de choix à la mélancolie et s'avère bien plus accueillant que le rude Pripyat, forme de tornade radioactive qui détruit tout sur son passage. Mais, au même titre que pour la sublime introduction, c'est dans le final que les écossais nous subjuguent. Comme un constat amer après une explosion tant redoutée, Mogwai nous assomment définitivement à l'aide d'un piano exprimant dramatiquement l'ampleur des dégâts. Il ne restera alors probablement plus rien de notre monde et les dernières notes de Fat Man ne font que nous attrister face à cette perspective avant de faire inévitablement une place au silence que plus rien ne viendra jamais briser.

Atomic constitue donc un autre disque majeur dans la déjà longue discographie du groupe. Cette fois encore, Mogwai réussissent à nous surprendre et surtout nous passionner. Pourtant ce n'était pas gagné d'avance. Le travail effectué pour Les Revenants nous parlait bien plus facilement par le fait qu'elle soit liée à une série française. Mettant ici en valeur musicalement un documentaire étranger particulièrement grave, les écossais réussissent un nouveau coup de maître avec un album particulièrement explosif.