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Three Trapped Tigers

Silent Earthling

Three Trapped Tigers - Silent Earthling
Chronique Album
Date de sortie : 01.04.2016
Label : Superball Music
4
Rédigé par Julien Soullière, le 1er avril 2016
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« Je crois que tout groupe ou artiste qui se lance à la recherche d'un son qui n'appartienne qu'à lui devra finalement faire face à une seule et même problématique : une fois sa signature musicale trouvée, comment la préserver tout en se donnant une latitude suffisante pour évoluer ? ». Le décor n'aurait pu être mieux planté : en à peine quelques mots, le guitariste et claviériste de Three Trapped Tigers, Matt Calvert, met le doigt sur un point qui a de tout temps été source de conflit entre auditeurs et critiques de tout poil. Rien de mieux qu'un exemple pour apaiser les foules, et le groupe londonien nous en sert un beau sur un plateau.



Les petits cousins de Battles se sont faits spécialistes de la construction de grands-huit, et que les amateurs se rassurent, Silent Earthling est bien moins placide que son nom tend à nous le promettre. Tourbillonnaire, le second (vrai) disque du groupe est un véritable concentré de pétulance, et ce qui fait le sel du groupe n'a pas été mis à l'écart. Chassez le naturel, il reviendra fièrement au galop. Ici encore, la batterie, élément central, parle vite et fort, les guitares, acerbes, courent et soudain s'arrêtent pour mieux nous secouer les organes, la musique se déploie sur de longues minutes sans que le schéma post-rock classique (des variations rythmiques au service d'un long crescendo) ne soit la règle privilégiée.

C'est d'un groupe de prog-rock dont il est question ici, et en ce sens, Silent Earthling démontre une fois encore l'appétence de Three Trapped Tigers pour la mixité musicale. Les deux piliers répondent à nouveau présent, et se déclinent alors à l'infini: il y du rock, parfois frétillant (Blimp), à l'occasion plus instinctif (Kraken), mais aussi de l'électronique, éventuellement recouverte d'une franche couche de sépia (Engrams, Rainbom Road), parfois drapée de frusques plus actuelles et inquiétantes (Hemisphere, Tekkers).

L'évolution constatée depuis le dernier essai du groupe est, elle, du genre finaude. Joliment produit, bien qu'enregistré pour grande partie dans l'appartement de Calvert, Silent Earthling gagne en mélodie pour mieux nous rendre sensible à sa puissance. Tout ici semble avoir été fait pour que le disque nous explose en pleine poire. C'est brutal, épileptique, et ça flatte nos oreilles en même temps que ça nous les épuise. C'est d'ailleurs peut-être là l'une des limites du genre : l'exercice est foutrement épuisant. Fort heureusement, passent parfois des morceaux plus faiblards (Rainbow Road), qu'on pourra éviter sans regret pour préserver notre énergie.

Three Trapped Tigers, c'est du gros, du très gros poisson (ou du tigre, si on préfère). Il leur reste peut-être à prendre un peu plus de distance encore avec les enjeux purement techniques pour mieux libérer l'émotion qu'ils ont en eux, et pleinement nous la restituer.
tracklisting
    01. Silent Earthling
  • 02. Strebek
  • 03. Kraken
  • 04. Blimp
  • 05. Engrams
  • 06. Tekkers
  • 07. Hemisphere
  • 08. Rainbow Road
  • 09. Elsewhere
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    Kraken, Elsewhere
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