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Barry Hyde

Malody

Barry Hyde - Malody
Chronique Album
Date de sortie : 03.06.2016
Label : Sirenspire Records
4
Rédigé par Julien Soullière, le 17 juin 2016
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Barry Hyde. Ce nom ne vous dit peut-être rien, et pourtant, le bonhomme arpente la scène indépendante britannique depuis longtemps déjà. Cela fait même une bonne décennie. Seize ans depuis ce premier concert à l'Ashbrooke Cricket and Rugby Club, quatorze depuis la sortie de Nul Book Standard, premier EP livré par The Futureheads, groupe dont Barry Hyde était le frontman et lead guitarist originel (le groupe a cessé son activité voilà quelques années).

Malody est un mot-valise, un néologisme. En fait, une invention. C'est le fruit d'un amour séculaire entre la mélodie et la maladie (il est connu qu la seconde entraîne bien souvent le première), entre l'émotion et les maux. Mais au-delà d'une simple figure de style, l'association choisie de ces termes caractérise à la perfection ce qui fait de Barry Hyde l'homme qu'il est. S'il vit pour la musique, il a aussi du apprendre à composer avec la maladie. Hyde est bipolaire. Docteur Barry et Mr. Hyde. A la lueur de cette information, on comprend l'origine des compositions enlevées et galeuses de son groupe d'origine. On comprend mieux les va-et-vient, les surpuissances en perpétuel affrontement qui prennent pour terrain de jeu ce premier disque solo.

Sur Malody, donc, point de triche. L'album est d'un éclatante sincérité, brut, dénudé de toute tactique visant à l'élever à tel ou tel rang, à lui donner telle ou telle consistance (voilà pourquoi on ne parlera pas d'introspection, ce qui suggérerait une volonté). De fait, il en devient incroyablement attachant pour qui accepte de se laisser guider par les sentiments d'un autre. On en deviendrait presque voyeur devant tant de mise à nu, ce qui pourrait éventuellement en gêner certains, surtout lorsque de tragiques « Who am I ?/ What am I ? » viennent s'écraser aux pieds de notre impuissance, sans que cela semble vouloir prendre fin (Monster).

Comparativement à celle jouée par The Futureheads, la musique est ici moins chargée en instruments et en arrangements. Tout juste croise-t-on quelques cordes, un soupçon de cuivres, mais surtout, un piano et une voix. L'empreinte apposée n'en reste pas moins la même, car finalement, peu importe l'initiative, c'est Barry Hyde qui en est l'élément central, et donc le moteur. L'ambiance piano-bar est foutraque, alerte, excessive parfois: l'artiste, on le disait déjà, est ici en roue libre, questionne, s'interpelle, s'essaie. Les titres s’enchaînent, et il ne faut guère s'offusquer des changements de rythme brutaux (Lonely) ou des alternances musclées entre tendresse (Theme) et exaltation (Blixer).

Plongée douloureuse autant qu'excitante dans la tête de son auteur, Malody est comme cette neige qui, parfois, tombe en avril (Sometimes It Snows In April) : une bizarrerie, un vent de fraîcheur, une fait que l'on ne comprend pas vraiment, mais qu'on se prend à apprécier. Si l'aventure de The Futureheads a pris fin (en partie du fait des soucis de santé de son frontman), celle de Barry Hyde ne fait que commencer.
tracklisting
    01. Theme
  • 02. Blixer
  • 03. Malody
  • 04. Monster Again
  • 05. Crazy Love
  • 06. Sugar
  • 07. Lonely
  • 08. Loneliness
  • 09. While We Were Sleeping
  • 10. Sometimes It Snows In April
  • 11. Thunder Song
titres conseillés
    Sugar, While We Were Sleeping, Thunder Song
notes des lecteurs