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Benjamin Francis Leftwich - After The Rain
Chronique Album
Date de sortie : 19.08.2016
Label : Dirty Hit
35
Rédigé par Xavier Turlot, le 6 août 2016
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Cinq ans après son premier album, Last Smoke Before The Snowstorm, voici venu le retour attendu du jeune prodige folk anglais : Benjamin Francis Leftwich. Cette durée inhabituellement longue, surtout en début de carrière, s'explique à la fois par le décès de son père qui a profondément marqué le chanteur, ainsi que par un perfectionnisme qu'on ne peut que saluer. Cinquante généreuses minutes de musique nous sont cependant offertes avec After The Rain, un album dense à la hauteur du précédent.

Tilikum, le premier single à en être extrait, s'inscrit dans la plus parfaite continuité de son travail, avec une instrumentation minimale, faite d'arpèges de guitare acoustique et de subtiles nappes de synthétiseur qui densifient l'ensemble. La voix vaporeuse de Leftwich, sorte de souffle tout juste incarné pour en faire une voix, est toujours bien là, reconnaissable entre mille. L'écriture est inspirée, la construction solide et la production discrète. Ce qui n'est certainement pas le cas de Mayflies, le second single extrêmement rentre-dedans, incrusté de samples de voix osés et de techniques de mixage qui lui font prendre des allures de tube lambda. A moitié-moitié il est dur de se faire une opinion, heureusement c'est bien la première chanson qui donnera la tonalité d'After The Rain.

L'album est tout de même nettement plus chargé que Last Smoke Before The Snowstorm puisqu'il a été pris en charge par Charlie Andrew, qui a notamment produit le dernier disque d'Alt-J. Certaines chansons ont quelques-uns des défauts de Mayflies, comme Groves ou Immortal, où l'on ressent une surenchère et une répétitivité qui n'étaient pas forcément nécessaires. La musique de Leftwich peut sans problème s'accommoder d'une batterie, d'un piano ou d'une section de cordes, mais cela doit être fait avec une extrême mesure. Toute son écriture s'articule autour de sa voix, plus qu'ailleurs c'est l'élément fondamental de sa musique, et sa texture déjà très particulière ne nécessite certainement pas de gros renforts. Ainsi ce sont les morceaux les plus dépouillés qui se dégagent le plus facilement sur cet album (Kicking Roses, Cocaine Doll, Day By Day…). Ils sont même de sublimes réussites.

Benjamin Francis Leftwich se considère lui-même plus comme un chanteur de pop que comme un chanteur de folk ; si on pouvait se poser autrefois la question, maintenant ça ne fait plus guère de doutes, même si beaucoup de morceaux sont en réalité à cheval entre les deux styles (comme Some Other Arms ou She Will Sing). Encore une fois, en enlevant un peu de cette surcharge dispensable on obtient Just Breathe ou Frozen Moor, nettement supérieures. Sans doute est-ce là une stratégie pour rendre l'écoute du disque dynamique et plus accessible, mais pour un amateur du premier album ce sera surtout un effacement de la guitare acoustique et de la simple voix du chanteur, qui agrémentée d'une bonne réverbération suffisait à envoûter sans artifices. After The Rain est donc dépareillé sur la forme, mais reste très solide sur le fond, le talent précoce de l'Anglais était bel et bien fécond. Il est à savoir qu'en concert Leftwich ne fait appel à aucun accompagnement : espérons qu'il sorte un jour un live.
tracklisting
    01. Tilikum
  • 02. Some Other Arms
  • 03. She Will Sing
  • 04. Kicking Roses
  • 05. Summer
  • 06. Just Breathe
  • 07. Cocaine Doll
  • 08. Groves
  • 09. Day By Day
  • 10. Immortal
  • 11. Mayflies
  • 12. Frozen Moor
  • 13. Just As I Was Waking Up
titres conseillés
    Kicking Roses, Just Breathe, Cocaine Doll
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