Two Door Cinema Club

Two Door Cinema Club n'est pas un groupe de fans du septième art ni un collectif musical composé de vingt cinq musiciens, mais trois amis ayant en commun le scoutisme et leurs années à la fac en Irlande du Nord. Ils se sont réunis autour d'un projet musical électro pop aux accents rock et ça dure depuis 2007. Il y a eu l'album Tourist History en 2010 qui les a propulsés sur le devant de la scène musicale et puis Beacon en 2012, un peu moins brillant mais dansant.

Two Door Cinema Club se font particulièrement remarquer lors de leurs concerts, décapants, pour lesquels ils remplacent leur iconique boîte à rythme par Benjamin Thompson. Pas plus tard que cet été, ils ont mis une folle ambiance à Rock en Seine, distillant quelques titres du nouveau bébé : Gameshow, un album qui les fait renaître après quatre ans de break nécessaire, de recul et de maturation artistique. Retour gagnant.
Même pêche, même son surexcité, sucré, coloré que sur leur Tourist History, avec un grand lâcher prise en plus, des innovations instrumentales et des excursions dans différents genres. En clair, le trio a voulu s'amuser.

Vous l'aurez peut-être entendu au générique de fin de l'émission de Yann Bartès, Quotidien, sur TMC, Bad Decisions est un titre phare de Gameshow. Ultra funky, le titre est pimpant, frais, festif. La voix d'Alex Trimble est perchée dans le suraigu sans se la jouer Bee Gees pour autant. C'est disco à la Chic et le fameux We Are Family. Bad Decisions est accompagnée sur Youtube d'un clip complètement délirant entre image 3D, jeu vidéo et animation vulgos. Le ton est bel et bien à la blague et à la légèreté.

Parce qu'ils en ont marre de l'aspect carriériste de la vie d'un groupe ou d'un musicien, les Two Door Cinema Club envoient valser l'espèce de jeu s'apparentant à un jeu télé auquel ils sont confrontés dans lequel il faut toujours aller plus loin, plus fort. C'est bien l'idée du titre de l'album Gameshow qui se veut tout sauf sérieux. S'ils n'ont pas abandonné l'idée de l'électronique, base indéniable de leur musique, ils l'allient au rock et donnent une large place à la guitare électrique. Are We Ready? (Wreck) et le morceau Gameshow sont très rock, un rock majeur et excité. Les guitaristes du groupe se font plaisir sur les solo saturés dans Gameshow, Bad Decisions ou Surgery. Mais LE moment ultime où la guitare est la star c'est bien dans le solo d'Invincible. Tels les envolées de Slash, on entend le cri mélancolique de l'instrument qui n'en finit pas de s'épandre en vibrato.

Lavender illustre les nouveaux tests musicaux du groupe, avec une instrumentation simple et des rythmes binaires, le titre pop est efficace, il n'y a pas une seule note qui traîne. On sent le travail minutieux de composition. Autre test, écoutez la longue intro non mesurée à la Pink Floyd où la guitare électrique prend la parole dans Fever. Ce qui suit n'est pas du rock progressif mais un électro funk hyper dansant. Surprise. Quant à Surgery, il s'agit du morceau le plus électronique et déstructuré de l'album, le groupe trafique les voix, les déshumanise, pour les réduire à l'état de machines. Des titres plus faibles comme Good Morning ou Ordinary ne parviennent pas à retenir notre attention, même s'ils sont agréables à l'écoute.

Two Door Cinema Club ne se prennent pas au sérieux, s'amusent, et ça nous plaît. Gameshow ne fait pas plus fort que les deux albums précédents, mais il explore, trafique, cherche, manipule le son... Le groupe a décidé de lâcher prise, faire un pas de côté.