logo SOV

The Rolling Stones

Blue & Lonesome

The Rolling Stones - Blue & Lonesome
Chronique Album
Date de sortie : 02.12.2016
Label : Polydor
2
Rédigé par Olivier Kalousdian, le 11 décembre 2016
Bookmark and Share
Toute sortie d'un album des Rolling Stones est, en soi, un événement (ceci dit, cela fonctionne également avec Johnny Hallyday, Michel Polnareff ou Christophe). Et, quand celui-ci est le premier album studio du « plus grand groupe de rock au monde » depuis 2005 (A Bigger Bang) et le premier, tout court, composé exclusivement de reprises, on se dit qu'on tient là de quoi alimenter une chronique infernale, une critique d'anthologie.

Howlin' Wolf, Memphis Slim, Magic Sam, Willie Dixon, Jimmy Reed... Autant d'auteurs compositeurs devenus des légendes du Chicago et Mississippi blues (dont la recette s'alimente d'une guitare, d'un piano, d'un harmonica et d'une basse ou contre basse parfois appuyés par un saxophone) auxquels les Rolling Stones rendent un hommage appuyé sur ce Blue & Lonesome. Ayant largement influencé et même initié quelques uns de nos plus grands « classic rock heroes » - d'Elvis Presley à Eric Clapton en passant par Jimmy Hendrix, Cream et donc, The Rolling Stones – ce retour au blues des origines, ou presque, boucle la boucle pour les papys du rock. Tout le monde se souvient, et surtout les plus jeunes d'entre nous – qui seront soulagés de voir qu'on peut encore être rebelles, without a cause, et même père, jusqu'à plus de 70 ans ! - que c'est par un album de covers et quelques beaux singles de reprises (merci Paul McCartney, John Lennon ou Bo Diddley) que The Rolling Stones se sont fait accepter en 1964 en Angleterre et, un peu plus tard, aux États-Unis. Oubliés de cet hommage version 2016 : Bo Diddley, justement, et Muddy Waters dont l'origine du nom du groupe lui revient pourtant.

Pour une fois (depuis des lustres) diront les esprits les plus chagrins, le groupe semble jouer ensemble, si ce n'est dans une même pièce tout au moins dans un même esprit et non par agent et studios interposés entre deux jets privés volant pour les Caraïbes, Paris ou la Polynésie...
A 73 ans tous les deux, Mick Jagger et Keith Richards peuvent encore en apprendre à certains gamins déjà gonflés du ciboulot et leur technique autant que leurs jeux de scène ne sont pas prêts d'être égalés. Néanmoins, et hormis une poignée de disques incontournables, véritables master-pieces du 20ème siècle dont les historiens futurs parleront encore longtemps après notre disparition, The Rolling Stones ont produit nombre de galettes indigestes ou, tout simplement inutiles. N'en déplaise à Philippe Manoeuvre (qui ne lira sûrement pas cette chronique) et comme le disait le regretté Gilles Verlant (qui ne lira pas cette chronique), sans The Beatles, pas de The Rolling Stones ! Car, ce qui a souvent fait le génie du plus célèbre groupe de blues anglais, ce sont les reprises et les collaborations de grande classe auxquelles ils ont eu l'intelligence de s'associer. Restent l'iconographie, la légende bâtie sur les frasques, les shows et les tournées dantesques qu'ils ont toujours su gérer à merveille (excepté un certain Altamont Festival, de triste mémoire)...
Une fois de plus, donc, The Rolling Stones jouent la carte de la nostalgie et de la légende au rabais en tapant le bœuf, avec talent, soit, mais sur des titres et des artistes mille fois repris et glorifiés. Leur incapacité à insuffler l'esprit du rock dans ces douze titres datant des années 50 et 60 composant ce nouvel album est aussi criarde que leur intelligence à éviter les standards du genre (un choix d'érudit) et cette énergie (à leur âge, comment ne pas y rendre hommage !) qu'ils y mettent, malgré tout pour nous faire croire qu'ils mènent encore la danse et le bal des maudits du rock.
Ce Blue & Lonesome, enregistré en trois jours (dit la légende...) en décembre 2015 aux British Grove Studios, à Londres, avec Don Was aux manettes et de prestigieux invités comme Eric Clapton (sur Everybody Knows About My Good Thing et I Can't Quit You Baby), le bassiste Darryl Jones et les claviéristes Chuck Leavell et Matt Clifford et que beaucoup voient comme un galop d'entrainement, une remise en forme avant un autre nouvel album imminent (mais fait de compositions originales cette fois-ci) s'écoute comme une de ces compilations de blues classique et bayou achetées en « prix bas » (car tombés dans le domaine public) et bénéficiant des meilleures techniques d'enregistrement et de mixage qu'un groupe puisse s'offrir.

Le plus grand groupe de rock'n roll du monde l'est depuis si longtemps maintenant qu'il n'a plus à se soucier d'être le meilleur.
tracklisting
    01. Just Your Fool (Little Walter cover)
  • 02. Commit A Crime (Howlin' Wolf cover)
  • 03. Blue And Lonesome (Little Walter cover)
  • 04. All Of Your Love (Magic Sam cover)
  • 05. I Gotta Go (Little Walter cover)
  • 06. Everybody Knows About My Good Thing (Little Johnny Taylor cover)
  • 07. Ride 'Em On Down (Eddie Taylor cover)
  • 08. Hate To See You Go (Little Walter cover)
  • 09. Hoo Doo Blues (Lightnin' Slim cover)
  • 10. Little Rain (Jimmy Reed cover)
  • 11. Just Like I Treat You (Willie Dixon cover)
  • 12. I Can't Quit You Baby (Willie Dixon cover)
titres conseillés
    Just Your Fool - Blue And Lonesome - All Of Your Love
notes des lecteurs
Du même artiste