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SOHN

Rennen

SOHN - Rennen
Chronique Album
Date de sortie : 13.01.2017
Label : 4AD
3
Rédigé par Louise Beliaeff, le 8 janvier 2017
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SOHN a enfin tourné la page de son premier album, Tremors, sorti en avril 2014. Celui qui aime la solitude s'est vu entraîné dans la course folle de la tournée jusqu'à l'épuisement. Il a décidé de mettre un point d'orgue à sa création pour retravailler en profondeur et puiser de nouvelles ressources. Rennen est un nouveau souffle pour le chanteur qui a trouvé une toute nouvelle liberté dans ce deuxième album.

SOHN, de son vrai nom Christopher Taylor, est un compositeur britannique originaire de Londres qui s'est exilé un temps à Viennes en Autriche avant de s'installer à Los Angeles, son actuelle résidence. Travaillant avec le label 4AD, sa musique est un concentré d'électronique sur lequel il pose sa voix sans artifices. Parfois brute, pure, elle se détache du côté mécanique de l'instrumental, comme sur Hard Liquor, le premier titre de l'album.

Celui qui a collaboré avec BANKS, Lana Del Rey, Kwabs ou Khye, a travaillé en solo sur son album. En 2014, il confiait aux Inrocks qu'il composait à l'image des artistes des siècles précédents : « les génies de la musique classique composent souvent seuls ». Il s'est donc retranché dans une maison isolée du nord de la Californie, travaillant toute la nuit jusqu'à six heures du matin, pour creuser au fond de lui-même et se concentrer sur l'essence de chaque titre.

« Rennen » est le verbe allemand pour « courir » et fait référence aux deux dernières années après le sortie de Tremors. Il témoigne sur son site personnel : « J'allais d'expérience en expérience en disant toujours oui », « après la tournée je ne savais pas s'il restait des morceaux en moi ». Il fallait qu'il retrouve cette soif de composer. Il s'est donc assuré d'enregistrer seulement le matériau le plus solide, ce qui peut se tenir seul sans la magie du studio. Finis les doutes, Christopher Taylor a poussé les frontières du possible sur ses dix nouveaux titres qu'il s'est restreint à limiter à trois éléments essentiels.

Sur Conrad, la musique est dépouillée, la rythmique sonne très indus, et ne varie pas pendant le morceau. La même instrumentation indus est utilisée sur Falling, le battement rapide de la grosse caisse électronique tranche avec la voix cristalline posée dessus. À la fin du morceau, le synthé, troisième élément, prend la parole et la voix répète en boucle « falling » mécaniquement, comme un disque rayé. En opposition à ces morceaux menés par l'electronica, d'autres comme Primary ou Rennen, laissent plus de liberté à la voix. Rennen est construit sur un rythme boiteux au piano. On remarque aussi des titres minimalistes, vaporeux, où le vide est roi : Signal, Still Waters.

Le dépouillement de ce nouvel album peut parfois déconcerter. La solitude du compositeur transpire de chaque morceau, chaque note, chaque mot. L'ensemble manquerait d'un soupçon de vie, de chaleur humaine. Il tente quelques fois de nous réanimer lorsque, au milieu du titre (Primary, Harbour) il fait une coupure nette avant d'accélérer le tempo, de complexifier l'instrumental et de mettre en mouvement une transe vivace.

Saluons la démarche intéressante de l'isolement. Le concept de l'album est pensé de manière intelligente, mais composer ET enregistrer seul est au final assez éloigné de la mentalité des compositeurs dont Christopher s'est inspiré. Cette tendance des artistes qui préfèrent substituer des musiciens en chair et en os à des boîtes à rythme et autres objets électroniques, commence peut-être à s'essouffler. On espère que le live nous fera mentir.
tracklisting
    01. Hard Liquor
  • 02. Conrad
  • 03. Signal
  • 04. Dead Wrong
  • 05. Primary
  • 06. Rennen
  • 07. Falling
  • 08. Proof
  • 09. Still Waters
  • 10. Harbour
  • 11. Tremors
titres conseillés
    Rennen, Harbour
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