logo SOV

Loyle Carner

Yesterday's Gone

Loyle Carner - Yesterday's Gone
Chronique Album
Date de sortie : 20.01.2017
Label : Universal
4
Rédigé par Julien Soullière, le 13 janvier 2017
Bookmark and Share
Wretch 32, Stormzy, Mike Skinner (The Streets), Chipmunk... la scène rap britannique n'a aucune commune mesure avec sa cousine Nord-Américaine, et n'a sûrement pas d'ancrage aussi prononcé dans son pays d'origine que sa voisine française n'en a chez elle, mais elle sait se montrer tout à fait stimulante. Dernière sensation en date, Loyle Carner dévoile au monde son premier long-format en ce mois de janvier 2017.

Loyle Carner est l'anti-Kanye West par excellence, ce qui n'est en aucun cas un jugement de valeur : à sa manière, le géant américain a su apporter sa pierre à l'édifice rap. Mais là où West cherche régulièrement à faire étalage de sa puissance, et au moins tout aussi souvent à s'aventurer sur des chemins mélodiques complexes (si bien qu'il est parfois difficile d'en trouver une, de mélodie), Carner va droit au but, avec une bonhomie et une décontraction tout à fait réjouissante. Ce jeune londonien de 22 ans ne voit aucune honte à paraître anachronique : la bonne musique est intemporelle, le retour aux sources salvateur, et Loyle ne se gène pas pour convoquer les Dieux du rap East Coast des années 90. Sa musique fleure bon et pêle-mêle les vieilles cassettes, le jazz, le café et l'automne, et parce qu'elle nous ramène à nos jeunes années (qu'on aime à retrouver, mais qu'il ne faut jamais regretter), la dame nous fait un bien dont on ne doit surtout pas chercher à estimer la valeur.

Sur ce premier disque impeccable, le flow est fluide, les mélodies font mouche, les featurings sont bien vus. Réaliste, foncièrement ancré dans le quotidien de son auteur, ce qui est le propre du rap qui se revendique musique urbaine, Yesterday's Gone a pour barycentre le cocon Familial, avec un grand « F », car il s'étend aux amis proches. Qu'il évoque une soeur adoptive imaginaire (Florence), la perte imminente d'un être proche (Mrs C.), son rapport à sa mère (Swear) ou la perte prématurée de son père (Carner rappe les mots de ce dernier sur Yesterday's Gone), le rappeur sait la valeur de son cercle proche, et s'en félicite sans fausse modestie ni grossièreté. Apothéose de ce tableau familial réussi ? Ce duo final et touchant qui réunit par les mots et les sons ses parents, la madre du jeune homme soufflant quelques mots à nos oreilles en fin de piste.

Du talent, Carner en a à revendre. Tout juste paraît-il encore trop appliqué aujourd'hui. Sa leçon, le garçon la connaît sur le bout des doigts et la restitue avec une aisance certaine. Il faudra néanmoins patienter encore un peu avant que la rappeur s'autorise à lâcher du lest, à sortir des sillages d'un rap ultra-référencé pour créer sa propre traînée. Et, peut-être, être la source d'inspiration de rappeurs en devenir. Et peut-être devenir un grand. En attendant, cette première galette solide va tourner un bon moment sur nos platines.
tracklisting
    01. The Isle Of Arran
  • 02. Mean It In The Morning,
  • 03. Damselfly (ft. Tom Misch)
  • 04. Ain't Nothing Changed
  • 05. Swear,
  • 06. Florence (ft. Kwes)
  • 07. The Seamstress (Tooting Masala)
  • 08. Stars & Shards
  • 09. No Worries (ft. Rebel Kleff & Jehst)
  • 10. Rebel 101
  • 11. No CD (ft. Rebel Kleff)
  • 12. Mrs C
  • 13. Sun Of Jean (ft. Mum and Dad)
titres conseillés
    No Worries, No CD, Ain't Nothing Changed
notes des lecteurs
Du même artiste