Clock Opera

Le nouvel album de Clock Opera est le fruit d'une campagne de crowdfunding très réussie, dans un climat déchiré. Le quatuor londonien a ainsi sorti Venn, le 10 février dernier.

Des torrents ont déferlé depuis leur album Ways To Forget (2012), le groupe avait alors dévoilé un univers « complexe et poétique ». Depuis, le claviériste Dan Armstrong a quitté le navire, remplacé par Nic Nell. Venn est de ces ouvrages qu'il faut réécouter plusieurs fois avant de les apprivoiser. Ponctué par des incidents musicaux et existentiels, l'infidélité, le deuil... La teinte est assombrie, tout comme le rythme et les paroles. Exit le rainbow, bonjour les ténèbres.

Venn s'ouvre sur la voix tremblante et affectée de Connelly. Sur In Memory (« Do I still do the things that made you fall in love »), le doute, la perte. On ressent un gain de maturité depuis 2012, les sonorités légères transformées en prouesses techniques, comme en témoignent l'électrifiant Changeling ou le militaire Closer, où la paranoia se transforme en conflit (« Wait for a minute, is there something I should know ? »). On est un instant solide comme un roc avec ces sonorités marquées, puis très seul, tel un oiseau perdu sur Whippoorwill, solitaire sur montagnes russes, comme le montre le clip réussi de l'habile Andrew West.


Une jolie touche orientale et engagée sur Dervish (« We're a mouvement of life, not a plot for TV »), référence au derviche chorégraphe Ziya Azazi, devenu un symbole de l'occupation de la place Taksim à Istanbul, appelant tout le monde à danser dans les rues. Ultime tournant de l'album, le bel enchaînement rythmique formé par Cat's Eye et Tooth & Claw, de la perte de conscience de soi aux émotions retrouvées. Un final gorgé de vanité avec When We Disappear (« Tell me will there be no witness/When we disappear »).

Un mystérieux rêve fantasque à découvrir en live le 3 avril au Pop-Up du Label à Paris.