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John Hassall & The April Rainers - Wheels To Idyll
Chronique Album
Date de sortie : 24.02.2017
Label : VAM Records
5
Rédigé par Xavier Turlot, le 15 février 2017
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Neuf ans après la sortie de The Legend Of Yeti Gonzalez, voici le retour de John Hassall, le musicien qui restera toujours étiqueté « bassiste des Libertines » bien que sa singularité créatrice soit tout à fait digne d'intérêt. Malgré le succès du single Never Lose Your Sense Of Wonder à l'époque, force est d'admettre que le parcours artistique de Hassall est, injustement, presque aussi discret que le personnage lui-même. Exilé à Arhus, au Danemark, il y a formé un groupe appelé The April Rainers, dans lequel il s'est accompagné d'un guitariste britannique, d'un bassiste norvégien et d'un batteur danois. La formation européenne sort enfin son premier disque, avec un retard de quelques mois, appelé Wheels To Idyll. Cet album est intégralement thématique, il relate les souvenirs d'enfance de Hassall lorsque il quittait Londres pour séjourner chez sa grand-mère dans la campagne pendant les vacances d'été. De son propre aveu, « Ce n'est pas forcément un sujet très rock and roll, mais on peut quand même en sortir de très bonnes chansons de pop ». C'est effectivement le cas.

Wheels To Idyll est un bijou de pop anglaise, composé dans la plus pure tradition et avec la plus grande exigence. Il est sobre et simple, lumineux et bucolique, il se fiche de la mode car il est intemporel. On pense immédiatement aux Beatles, aux Kinks ou aux Beach Boys, sans pour autant avoir le moindre instant une sensation de déjà entendu. Hassall pose une voix douce, souvent presque susurrée, accompagnée de chœurs copieux et inspirés.


Dès le single Interstate 125, qui relate le voyage en train qui lui faisait quitter Londres, toute l'ambiance de l'album est posée. Progressions harmoniques classiques et efficaces, arrangements subtils et construction limpide sont le ciment de l'œuvre. On est dans l'exacte continuité de Yeti. Sur Persephone, le groupe multiplie les transitions de rythmes et d'ambiances pour aboutir à un morceau composite mais pourtant parfaitement cohérent. On est dans la composition de haut vol, dans un refus de facilité qui force l'admiration et le respect.

Sur Given Time, les emprunts à la country donnent un aspect désuet au titre, qui jongle entre pop anglaise et couplets rockabilly pour perturber les classifications trop rapides. Sur My Two Wheels, qui narre une virée nocturne en vélo, les musiciens prennent leur temps et livrent un long passage instrumental à la limite du psychédélisme, un léger débordement stylistique qu'on retrouve sur Mosey Through My Mind et qui vient faire flirter les April Rainers avec les débuts de Status Quo, à l'époque de leur Picturesque Matchstickable Messages...

Hassall sait aussi faire de la place derrière le microphone. C'est James Jefferys, l'autre guitariste, qui se charge de chanter sur If I Die (We All Die), un morceau court et plus sombre que le reste du disque. La voix est sûre, puissante, et elle ne dénote finalement pas tellement avec le reste ; les chœurs impeccables viennent soutenir avec grandiloquence la mélodie qui en devient par moments presque glaçante. Sur Julie July c'est le batteur Jakob Bruno qui s'y colle. Le morceau lent au refrain entêtant offre un boulevard au déluge d'arrangements de voix, qui ont la part belle au côté d'une fine ligne mélodique de guitare électrique. The Last Scene Of Summer, qui comme son nom l'indique relate la mélancolie qui s'empare de Hassal enfant à la fin de l'été, emprunte aux Kinks plus que tout autre morceau, avec son alliage de classe et de retenue, anglaise jusque au bout des cordes. La conclusion de l'album, Sapphire Serpentine, n'est pas beaucoup plus optimiste quoique elle ne sombre jamais dans l'abattement. L'alternance des sentiments y est parfaitement maîtrisée.

Wheels To Idyll est un disque inspiré, brillant et exigeant, il représente tout ce qu'un fan de pop anglaise peut attendre. Son écriture digne de la fin des années soixante, ses arrangements soignés, son aspect bucolique et désuet le rendent aussi anachronique qu'intemporel. Le déficit d'exposition médiatique dont souffre pour l'instant le groupe est parfaitement regrettable, comme il l'a été pour Yeti il y a neuf ans. John Hassall n'était pas le bassiste de session des Libertines, mais bien un musicien passionné et créatif à la démarche artistique authentique, quoique traditionnelle. Wheels To Idyll ne prendra pas la poussière dans la discothèque.
tracklisting
    01. Sun In The Afternoon
  • 02. Wether Girl
  • 03. Intercity 125
  • 04. Persephone
  • 05. Ladybird... Waiting
  • 06. Julie July
  • 07. Given Time
  • 08. Mosey Through My Mind
  • 09. If I Die (We All Die)
  • 10. My Two Wheels
  • 11. The Last Scene Of Summer
  • 12. Sapphire Serpentine
titres conseillés
    Persephone, Ladybird...Waiting, If I Die (We All Die)
notes des lecteurs