logo SOV

Nia Archives

Silence Is Loud

Nia Archives - Silence Is Loud
Chronique Album
Date de sortie : 12.04.2024
Label : Island Records
4
Rédigé par Franck Narquin, le 14 avril 2024
Bookmark and Share
En ce vendredi 12 avril 2024 à dix-huit heures, le thermomètre affiche vingt-quatre degrés Celsius sur le versant nord de la Butte Montmartre, soit près de neuf degrés au-dessus des normales saisonnières. On ne va pas se mentir, notre premier réflexe est de penser terrasse, bières fraÏches et petites pépées. Ce n'est que vers minuit et demi, après notre troisième ou douzième tournée, quand un chroniqueur de Sound of Violence (ayant préféré rester anonyme) se mettra à chanter Est-ce que ce monde est sérieux ? du troubadour agenais Francis Cabrel à la Noche, karaoké bien connu des noctambules de Pigalle, que nous prendrons conscience qu'il y a peut-être un truc qui cloche. A qui la faute ? Aux boomers insouciants des trente glorieuses, au capitalisme sauvage, à Donald Trump, à Emmanuel Macron, à Luis Enrique ou bien encore à Murphy ? Que nenni ! Une seule réponse s'impose par son évidence, le réchauffement climatique, c'est la faute d'Island Records ! Sortir le même jour deux disques du calibre de ceux d'English Teacher et de Nia Archives alors qu'on se remet à peine de la double claque reçue la semaine dernière de la part du combo Vegyn-Mount Kimbie, c'est beaucoup trop hot pour cette petite planète et nos grandes oreilles. On salue tout de même le sens du timing de l'équipe marketing, car qu'on l'adore ou qu'on l'abhorre, impossible de nier que Silence Is Loud est un véritable album d'été. Alors enfilez vos plus belles sunnies et votre poom-poom short car on vous embarque à la pool party organisée par Nia Archives, la reine du revival drum'n'bass la plus caliente du Royaume-Uni.

Avec six titres déjà sortis dont certains depuis belle lurette et une version alternative du single Silence Is Loud, ce debut album prend presque des allures de Best Of. Ne manque à l'appel que Baianà, petit classique de 2022 à la saveur « festival de Rio » aussi jouissif qu'une virgule de Ronaldinho. Les haters feront probablement valoir que Nia Archives ne fait que décliner la même recette efficace sur les treize plages, à savoir rythmiques jungle endiablées et pistes vocales pop aux mélodies ciselées. On ne saurait leur donner tort, mais on viendra se plaindre quand elle nous sortira la même sauce pour son troisième album, pour le moment on n'a pas le temps de pinailler avec eux, le son est bien trop fort et l'anglaise nous offre trente-cinq minutes de Murder On The Dancefloor.
Certes un peu uniforme et monobloc, Silence Is Loud ne lasse pourtant jamais. Primo, il vient consacrer le style Nia Archives, une des propositions musicales les plus fraîches et stimulantes entendues ces dernières années. Secundo, la plupart des titres s'affirment comme de véritables bombes à danser doublées de merveilles de compositions qui en font bien plus que de simples tubes de l'été prêts à jeter. Tertio, la variété des registres vocaux proposée par Dehaney Nia Lishahn Hunt, allant de la pop à la soul en passant par le trip-hop et évoquant autant Lilly Allen que Biig Piig ou Lava La Rue, apporte une réelle profondeur et longueur en bouche à ce disque hédoniste.

Alors plutôt team tristes sires ou team joyeux drilles ? Choisissez votre camp, tout en sachant que ce n'est pas en pissant froid qu'on résoudra le problème du réchauffement climatique. Silence Is Loud, l'album, débute par Silence Is Loud, le single, qui s'ouvre lui-même par un long cri primal auquel succède rapidement un déluge de bpm. Il est donc conseillé de s'échauffer et de faire quelques étirements avant de se lancer dans une session d'écoute car l'anglaise ne laisse pas de place pour les présentations ou le small talk, on entre directement dans le vif du sujet ou comme le dirait Omar Da Fonseca : « Nia Archives va vous faire l'amour sans préliminaires ». Tous les morceaux sont passés à la moulinette jungle avec des beats plus ou moins déstructurés et plus ou moins rapides sur lesquels l'anglaise vient poser sa voix mutine et espiègle. Son charme pop opère parfaitement sur Cards On The Table et Crowded Roomz tandis que les clubbers useront leurs sneakers jusqu'au semelles au son de Unfinished Business. Le trip-hop est votre pote ? Vous trouverez donc Forbidden Feelingz et Killjoy ! absolument « massive ». La soul jamais ne vous saoule ? Foncez sur Blind Devotion, Nightmares ou bien F.A.M.I.L.Y, nettement plus Si si la famille que Sissi l'Impératrice. Il faudra attendre l'ultime morceau, So Tell Me..., pour enfin voir le palpitant baisser grâce à des nappes atmosphériques enveloppant avec douceur le chant semi-parlé de Nia Archives.

Ceux qui comme nous suivent Nia Archives depuis plus de deux ans regretteront sûrement l'effet de surprise provoqué par la découverte de sa musique mais se réjouiront de l'ampleur prise par l'artiste depuis ses débuts. Ceux qui au contraire ont la chance de la découvrir à l'occasion de la sortie de son premier album risquent de s'en prendre plein les mirettes ! Avis à tous, on se mouille la nuque et on met de la crème solaire car Silence Is Loud frappe aussi fort que le soleil de midi et aussi longtemps que les démons de minuit. Ça se trémousse et ça éclabousse avec ce disque fait pour les soirées mousses et le rosé pamplemousse. Souriez, c'est l'été !
tracklisting
    01. Silence Is Loud
  • 02. Cards On The Table
  • 03. Unfinished Business
  • 04. Crowded Roomz
  • 05. Forbidden Feelingz
  • 06. Blind Devotion
  • 07. Tell Me What It's Like?
  • 08. Nightmares
  • 09. F.A.M.I.L.Y
  • 10. Out Of Options
  • 11. Silence Is Loud (Reprise)
  • 12. Killjoy!
  • 13. So Tell Me...
titres conseillés
    Silence Is Loud - Unfinished Business - Forbidden Feelingz
notes des lecteurs